Alexandre Romanès, cirque tzigane crédit : JOEL SAGET / AFP - 1280 3:21
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Marthe Ronteix , modifié à
Quelques jours après une expédition punitive lancée contre des Roms en Seine-Saint-Denis, le fondateur du cirque tzigane Alexandre Romanès estime samedi au micro d'Europe 1 être lui aussi victime de racisme dans certaines villes de France.
INTERVIEW

"On nous accuse de tellement de choses…" Après les expéditions punitives dont des membres de la communauté rom ont été victimes à la suite de rumeurs de tentatives d'enlèvement d'enfants, Alexandre Romanès, le fondateur du cirque tzigane Romanès, déplore au micro d'Europe 1 les stigmatisations dont il fait lui-même l'objet.

"Ce que j'ai vu surtout [dans ces violences], ce sont deux pauvretés qui s'affrontent", observe Alexandre Romanès dans C'est arrivé cette semaine. "Des gens qui lancent des pierres et qui sont intellectuellement très pauvres et d'autres qui les reçoivent et qui sont, eux, économiquement très pauvres". Et de reprendre l'adage : "Quand il n'y a plus de foin au râtelier, les chevaux se battent".

Un exemple de racisme ordinaire

Pour cette figure de la communauté tzigane, il s'agit d'un exemple de racisme ordinaire. "Cette affaire de racisme à laquelle on assiste, nous la subissons au cirque Romanès depuis plusieurs mois. Je n'arrive pas à établir une tournée en France. Même la ville de Bordeaux qui nous accueillait tous les ans ne veut pas de nous. Dans notre cirque, il y a le mot 'tzigane' en grand et c'est ce qui nous bloque", devine-t-il, avant de lancer un appel solennel aux maires de France. "Parce qu'à l'heure actuelle, nous n'avons aucune ville devant nous."

>> De 9h à 10h, retrouvez C'est arrivé cette semaine avec François Clauss sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Les rumeurs sur les Roms n'ont pas eu besoin des réseaux sociaux pour se propager

Quant au rôle des réseaux sociaux, sur lesquels la rumeur d'enlèvement d'enfants par des Roms s'est propagée, Pascal Froissard, sociologue spécialiste de la rumeur, assure qu'il n'est qu'un amplificateur. "Ça va plus vite et plus loin. Mais la rumeur a toujours existé et on a toujours cherché des boucs émissaires", remarque le directeur Culture et communication à l'Université de Paris 8, toujours au micro d'Europe 1. "La technologie n'explique pas le surgissement de ces phénomènes-là. Dans le cas qui nous intéresse, il n'y a pas eu besoin de rumeur pour qu'il y ait des expéditions punitives."

Ce qui a porté cette affaire sur le devant de la scène, c'est surtout la concentration médiatique, selon le spécialiste. "La psychose existe parce que tout le monde s'intéresse au même moment au même sujet. Donc on a l'impression que la France est à feu et à sang et que toutes les communautés roms sont attaquées." Mais celles-ci sont stigmatisées depuis bien plus longtemps, "même quand aucune rumeur ne circule".

"Elles sont victimes de très nombreux stéréotypes et de très nombreuses exactions. On leur reproche parfois d'exister. La rumeur ne sert que de prétexte. Ce qui ne veut pas dire que les plateformes ne devraient pas être plus vigilantes sur ce qui circule sur leurs réseaux", nuance-t-il néanmoins.