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Un racisme du quotidien souvent «inconscient» aux impacts «insidieux»

Europe 1 avec AFP . 3 min
Dans son rapport annuel, publié mercredi, la CNCDH met en garde contre le racisme dit "ordinaire".
Dans son rapport annuel, publié mercredi, la CNCDH met en garde contre le racisme dit "ordinaire". AFP / © Bertrand GUAY / AFP

Dans son rapport annuel, publié mercredi, la CNCDH met en garde contre le racisme dit "ordinaire", qui englobe des attitudes et comportements souvent banals, difficilement détectables dans la mesure où ils s'expriment de façon naturelle.

Un racisme du quotidien souvent "inconscient" qui touche "tous les pans" de la société, mais aux effets bien réels sur la santé mentale et physique de leurs victimes : dans son rapport annuel, publié mercredi, la CNCDH met en garde contre le racisme dit "ordinaire".

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Des différences culturelles et identitaires

"Plus insidieux que le racisme clairement assumé", le racisme du quotidien "englobe des attitudes et comportements souvent banals, difficilement détectables dans la mesure où ils s'expriment de façon +naturelle+" à travers des "attitudes" et des "pratiques généralement admises par l'entourage", souligne la Commission nationale consultative des droits de l'homme.

"Sous-représenté", le racisme s'exprime davantage aujourd'hui "autour de différences culturelles et identitaires", tandis que sa forme "la plus crue" est "en net recul dans l'opinion", selon le document, qui précise que, en 2024, la croyance qu'il y a des races supérieures à d'autres était partagée par 5,2% des personnes interrogées.

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Des blagues anodines aux agressions physiques graves

Le racisme commence dès le plus jeune âge avec des actes allant des blagues anodines aux agressions physiques graves basées sur l'origine et l'apparence ou l'appartenance présumée à une religion. Ces faits ont quasiment triplé en un an dans les établissements scolaires: 3.600 actes racistes et antisémites ont été recensés en 2023-2024, selon des chiffres de l'Education nationale.

Les enfants issus de l'immigration sont exposés "très tôt" aux discriminations, qui se manifestent chez les adolescents par un "stress chronique", des "maux de tête", de "l'hypertension" jusqu'à "la dépression", observe la CNCDH, instance consultative, chargée de conseiller les pouvoirs publics.

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Des discriminations qui entraînent un impact psychologique

Pour 56% des victimes de discriminations liées à l'origine, la couleur de peau ou la religion, cela entraîne un impact psychologique "plutôt important" ou "très important", selon une étude de l'Insee de 2024, citée dans le rapport. Le racisme au quotidien "induit une charge raciale due à l'hypervigilance constante face aux discriminations potentielles", souligne-t-il.

"Par leur répétition, leur caractère faussement anodin, ces discriminations contraignent leurs victimes à s'adapter en permanence. Le fait de se voir dénier son identité, sa nationalité, porte atteinte à l'estime de soi de manière durable", pointe-t-il.

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Si peu d'études sont publiées en France sur l'impact du racisme sur la santé des personnes et sur les biais raciaux dans le monde médical, déplore la CNCDH, les travaux du Pr Xavier Bobbia (CHU de Montpellier) menés à l'été 2023 permettent toutefois d'en mesurer en partie les conséquences.

Les patients noirs sont "souvent soupçonnés d'exagérer leurs symptômes"

Selon cette étude, un homme blanc a 50% de chances de plus d'être évalué "en urgence vitale par rapport à une femme noire". "À symptômes égaux, les hommes sont pris plus au sérieux que les femmes, et les patients perçus comme blancs ou Nord-Africains reçoivent plus d'attention que les patients noirs", peut-on lire.

Les patients noirs sont "souvent soupçonnés d'exagérer leurs symptômes", or ce préjugé "retarde la prise en charge, minimise l'évaluation de la gravité de leur état ou à l'inverse, la dramatise". Certains patients racisés se voient attribuer des troubles graves, tels que des psychoses, alors que leurs pathologies appellent souvent des traitements beaucoup moins lourds. Il en va de même concernant l'évaluation de la douleur qui n'est pas prise au sérieux, selon cette analyse.

Le "syndrome méditerranéen", préjugé raciste sans fondement médical selon lequel les personnes d'origine nord-africaine ou noire exagèrent leurs symptômes ou douleurs, peut avoir des conséquences graves, rappelle la CNCDH. Elle prend pour exemple le cas de deux patientes toutes deux décédées: Naomi Musenga, raillée au téléphone par l'opératrice du Samu en 2017 alors qu'elle appelait à l'aide, et Aïcha, 13 ans, qui en 2023 avait été accusée de simuler un malaise par les pompiers.

La CNDH recommande ainsi la mise en place de formations obligatoires pour tous les personnels soignants et éducatifs sur les questions de racisme et d'antisémitisme, afin de les sensibiliser aux enjeux liés à la santé mentale et physique. Elle plaide également pour le financement d'études scientifiques pluridisciplinaires sur l'impact du racisme sur la santé physique et mentale.