Vingt ans après, "la dernière cicatrice de la tempête de 1999 a disparu" dans le parc du château de Versailles

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Margaux Baralon , modifié à
Alain Baraton, jardinier en chef du château de Versailles, est venu raconter sur Europe 1 jeudi le "travail titanesque" qu'il a fallu pour réparer les dégâts causés dans les jardins du palais par la tempête de 1999. Aujourd'hui, le parc est "prometteur", même s'il n'a pas retrouvé son apparence originelle.
INTERVIEW

À l'époque, en une nuit, 18.500 arbres avaient été abattus. La "tempête du siècle" de 1999 avait fait énormément de dégâts dans les jardins du château de Versailles, faisant tomber à terre des arbres vieux de plusieurs siècles. Vingt ans plus tard, la demeure de Louis XIV retrouve des couleurs. Après une énième replantation de chênes effectuée jeudi matin même, Alain Baraton, jardinier en chef, l'a assuré sur Europe 1 : "La dernière cicatrice de la tempête de 1999 a disparu."

Un travail "titanesque" qui tient compte du réchauffement climatique

Cela a demandé un "travail titanesque", qu'il a fallu entreprendre "avec réflexion, intelligence et goût", a raconté Alain Baraton. Le jardinier en chef a supervisé des replantations et des restaurations multiples, la dernière en date concernant 440 chênes le long d'une allée. Objectif : que le parc "garde son esprit" mais qu'il s'adapte aux nouvelles données, notamment le changement climatique. 

 

C'est pourquoi, par exemple, certaines espèces ont changé. "Le hêtre, aujourd’hui, ne supporte plus les températures caniculaires", explique Alain Baraton. Pas question, non plus, de replanter les mêmes ormes qu'avant, décimés par la maladie. "Nous diversifions les plantations en rajoutant des tulipiers, des peupliers." Les scientifiques ont également apporté des conseils pour bâtir un parc plus résistant. "Nous avons tenu compte des enseignements. Il a été prouvé qu’un arbre qui poussait petit résistait davantage au vent. Nous privilégions quand cela est possible les semis naturels. Nous arrêtons de tailler certains arbres en rideau. Tout a été fait pour que le parc souffre moins si une telle tempête venait à se reproduire."

"Nous ne plantons pas pour nous mais pour les générations à venir"

Tout a été fait, aussi, grâce à l'argent qui a afflué sous la forme de dons après la tempête. Entreprises privées, particuliers mais aussi gouvernements se sont mobilisés. "Près de 20 millions d’euros sont arrivés très rapidement", se souvient Alain Baraton. "Cela nous a permis de replanter dans un délai rapide le domaine de Versailles, puis d’engager quantité de campagne de restauration."

Il faudra encore beaucoup de temps pour que le parc reprenne son apparence originelle. "Les chênes replantés [jeudi] matin deviendront agréables à regarder dans une vingtaine d’années, beaux dans une cinquantaine d’années et de vrais chênes dans 100 ans. C’est ça l’intérêt de mon métier : nous ne plantons pas pour nous mais pour les générations à venir", se félicite le jardinier en chef de Versailles. "Nous avons souhaité recréer le domaine tel qu’il était voulu par les concepteurs. Ceux qui viendront demain découvrir l’allée que nous avons replanté verront le parc tel que Louis XIV l’avait pensé."

Laissant entrevoir un perfectionnisme que rien ne peut satisfaire vraiment, Alain Baraton admet néanmoins que "le parc est [aujourd'hui] vraiment prometteur". Dans cent ans, les visiteurs admireront les fruits du travail de cet amoureux des arbres et du travail bien fait.