Plus de 2.000 personnes ont participé à la marche blanche dimanche à Argenteuil. 1:36
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Diane Berger avec AFP , modifié à
Une marche blanche en mémoire d'Alisha, l'adolescente frappée par deux autres jeunes et retrouvée morte noyée le 8 mars à Argenteuil, a eu lieu dimanche dans cette ville. Plus de 2.000 personnes, dont de nombreux adolescents et leurs parents, s'étaient donné rendez-vous devant le lycée privé professionnel Cognacq-Jay, où étudiait Alisha.

Plus de 2.000 personnes ont participé dimanche à Argenteuil (Val-d'Oise) à une marche blanche en mémoire d'une adolescente de 14 ans, Alisha, morte noyée le 8 mars, après avoir été violemment frappée par deux camarades et jetée dans la Seine. Les deux suspects, un garçon et une fille de 15 ans, ont été mis en examen pour assassinat et placés jeudi en détention provisoire. Dimanche en début d'après-midi, de nombreux adolescents accompagnés pour certains de leurs parents se sont donné rendez-vous devant l'établissement où étaient scolarisés Alisha et ses deux agresseurs, point de départ de la marche.

"Rendre hommage à une fille bien"

Tour à tour, ils ont déposé des bouquet de fleurs et des petits mots devant la porte du lycée privé professionnel Cognacq-Jay. La banderole "hommage à Alisha" y était déployée et des roses blanches jonchaient le sol. La mère d'Alisha s'est recueillie, émue, devant l'établissement. Alisha "est surtout une fille formidable, très gentille et serviable", a-t-elle déclaré en larmes comme l'a constaté Europe 1. Maeva, adolescente de 15 ans qui avait été dans la même classe qu'Alisha l'an dernier, avait revêtu un T-shirt blanc à l'effigie de la jeune fille pour participer à la marche et "rendre hommage à une fille bien, gentille, loin des histoires".

Dans la foule, Lydie, une quarantenaire du quartier, est sidérée par ce qui s’est passé. "Je suis une maman, j’habite à Argenteuil, j’ai des enfants qui sont scolarisés... On ne peut pas imaginer faire ça. Je ne pense pas qu’à 14 ans ou 15 ans on peut avoir autant de violence pour si peu."

Alisha a été la victime d'un guet-apens tendu par ses deux camarades le 8 mars, dans l'après-midi, sous le viaduc de l'autoroute A15, selon les premiers éléments de l'enquête révélés par le procureur de Pontoise. Dans ce lieu à l'écart des habitations, elle aurait été brutalement frappée puis jetée dans le fleuve, encore consciente. Les relations au sein du trio scolarisé en troisième dans le même établissement, "trois amis au début", s'étaient dégradées au cours des semaines précédentes, entre amourettes et "futilités" adolescentes, selon le parquet.

"Le harcèlement ça existe à l'école"

Les choses s'étaient envenimées au point que leur lycée avait temporairement exclu les deux suspects pour le harcèlement de la victime. Alisha avait vu son téléphone piraté et des photos d'elle en sous-vêtements diffusées sur Snapchat. Les deux mis en examen devaient passer en conseil de discipline le 9 mars, au lendemain du drame.

Le type de harcèlement qu’a connu Alisha, Inès, rencontrée par Europe 1 dans le cortège, le connaît bien. Cette jeune femme de 20 ans a été scolarisées dans le même lycée que la jeune fille. Et elle aussi avait souffert à l’époque. "Sur les réseaux, on m’affichait beaucoup", raconte-t-elle. "On m’envoyait des vidéos comme quoi on voulait me taper au lycée. Je pense que même moi j’aurais pu finir comme ça. J’espère juste que maintenant, avec ce qui s’est passé aujourd'hui pour Alisha, beaucoup d’enfants comprendront ce qui se passe et comment c’est dur."

Sur le parcours de la marche, le slogan "stop au harcèlement, justice pour Alisha" est apparu collé sur les murs d'Argenteuil, à environ 16 km au nord de Paris. "C'est grave ce qui s'est passé", disait Tayna, une adolescente dans le cortège. "Le harcèlement ça existe à l'école", a confié la jeune fille, disant elle-même appeler sa mère dès qu'elle le subit. Pour Soraya, une mère de famille vêtue de noir aux yeux rougis par l’émotion, "notre système, notre gouvernement, ne feront rien pour protéger nos enfants et interdire tout ça. C’est un ange qui est parti et ce n’est pas normal. C’est horrible, c’est un cauchemar."

Dans le cortège, ils étaient ainsi nombreux à réclamer des mesures fortes pour contrôler les usages des mineurs sur les réseaux sociaux.