Selon Jean Viard, les Français partiront essentiellement en France. 6:59
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Pauline Rouquette
Après plusieurs mois confinés, puis limités dans leurs activités et leurs déplacements, les Français s'apprêtent à partir en vacances d'été. Des vacances post-crise du coronavirus qui promettent d'être "exceptionnelles et historiques", tant en termes de nombre de vacanciers, que de l'évolution de leurs habitudes. C'est le constat du sociologue Jean Viard, invité d'Europe 1 vendredi.
ANALYSE

Les Français commencent à partir en vacances. Des vacances particulières, marquées par la crise sanitaire liée au coronavirus. Après un confinement de près de deux mois et un déconfinement progressif, les Français vont-ils être nombreux à partir ? Et où ? Invité d’Europe 1, vendredi, le sociologue Jean Viard affirme que les vacances estivales de l’année 2020 seront "des vacances exceptionnelles et historiques", et que les Français seront très nombreux à partir, coûte que coûte.

Les vacances d'été, "c'est une transhumance"

"D'abord, je pense qu’il y en aura plus que les autres années", affirme Jean Viard, évoquant le nombre de vacanciers qui, en temps normal, représentent la moitié de la population française. "On va certainement atteindre 60%", poursuit-il, insistant sur un besoin commun de sortir et de respirer, après plusieurs mois de confinement puis d’un déconfinement progressif au cours desquels les Français ont dû limiter leurs déplacements.

Pour ce qui est de la destination, le sociologue le rappelle : "Les Français vont massivement en France". Des propos confirmés par un sondage OpinionWay, en juin dernier, selon lequel 71% des Français prévoyaient de partir en France. Les vacances d’été, "c’est une transhumance", ajoute-t-il, alors qu’une personne sur deux se baigne toute sa vie sur la même plage, plage sur laquelle se sont eux-mêmes baignés ses parents.

La préférence pour la France, Jean Viard l’explique plus que jamais par la peur du virus. "On va aller un peu moins à l’étranger, pour la simple raison que si vous attrapez le virus, vous n’avez pas envie d’être dans un hôpital où vous ne comprenez rien", ajoute-t-il, évoquant avant tout une "mesure de sécurité".

Partir moins longtemps, mais partir

Partir, mais peut-être moins longtemps ? Selon le sociologue, les retraités, qui représentent 25% de la population française, ont vu leurs revenus augmenter pendant la crise. Les salariés, qui ont été placés en télétravail, eux, "ont fait des économies, il ont arrêté de consommer", poursuit Jean Viard, qui chiffre à 60 milliards d’euros le montant des économies faites sur la période du confinement.

Les Français ont donc les moyens de partir en vacances, estime-t-il, ajoutant que même les chômeurs et les Français qui, suite à la crise, craignent pour leur emploi, partiront, même si cela implique de partir moins longtemps. "La durée moyenne des séjours d’été, c’est presque trois semaines. Quand vous n’avez pas d’argent, vous partez 15 jours, ou 10 jours", affirme Jean Viard. Ainsi, pour lui, plus que le fait de partir, c’est "plutôt la longueur des vacances qui est en question".

Les vacances, "c’est le grand événement massif de cette année", abonde le sociologue, qui rappelle que 70% des Français ont pour habitude de partir en famille. Cette année, ils ne devraient pas déroger à la règle, animés par un besoin de se retrouver après des mois d’inquiétude et, pour certains, d’isolement. Cette année, les vacances seront également moins culturelles, de nombreux événements ayant été annulés, Covid-19 oblige. "C’est une évolution", note Jean Viard. "Ça va être une année pas normale, exceptionnelle, on va s’en souvenir très longtemps."

"C'est ça qui fait qu'on est humain"

Pas de salles de spectacle, pas de festivals, pas de boîtes de nuit… Les vacances 2020 "seront historiques, parce qu’elles ne vont pas être pareilles", explique Jean Viard. Selon lui, malgré les difficultés liées au contexte sanitaire, les vacances et le voyage sont d’une importance majeure. "Le voyage, c’est l’humanité qui fait communauté."

En 1968, Jean Viard se rappelle que les touristes internationaux représentaient 60 millions de personnes. Aujourd'hui, il y en a 1,3 milliards. "C’est ça qui fait qu’on est humain", insiste le sociologue. "Il ne faut surtout pas empêcher le voyage mondial", poursuit-il, alors que les frontières rouvrent progressivement.