Une centaine d'élus tentent d'empêcher une prière de rue à Clichy

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avec Théo Maneval et AFP , modifié à
En mars, la police avait évacué la salle de prière d'Estienne d'Orves, au terme d'un long bras de fer entre la mairie et l'Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC).

"L'État doit interdire les prières de rue". Une centaine d'élus en écharpe ont tenté vendredi à Clichy, dans les Hauts-de-Seine, d'empêcher des fidèles musulmans de faire leur prière dans la rue. "L'espace public ne peut pas être accaparé de manière irrégulière", a déclaré à la presse Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d'Ile-de-France, présente au rassemblement organisé à l'appel du maire LR de Clichy Rémi Muzeau.

Rassemblés derrière une banderole proclamant "Stop aux prières de rue illégales", maires, parlementaires, conseillers municipaux et régionaux LR, UDI et MoDem, venus pour beaucoup de région parisienne, sont sortis de la mairie pour aller au devant de quelque 200 fidèles rassemblés dans une rue piétonne pour la prière, comme tous les vendredis depuis presque neuf mois. Ils protestent ainsi contre la fermeture en mars de leur lieu de culte en centre-ville, accusant le maire de la ville de ne pas vouloir leur octroyer de terrain pour construire un nouveau lieu de culte.

Une salle de prière évacuée le 22 mars par la police. Entonnant La Marseillaise, les élus ont repoussé les fidèles un peu plus loin dans la rue, mais la prière s'est tout de même tenue en milieu de journée, derrière un double cordon de gendarmes mobiles. Le ministre de l'Intérieur "doit interdire les prières (de rue). Moi je dois assurer la tranquillité et la liberté des gens de ma ville", a expliqué Rémi Muzeau aux journalistes. 

La police avait évacué le 22 mars la salle de prière d'Estienne d'Orves, au terme d'un long bras de fer entre la mairie qui veut en faire une médiathèque et l'Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC) qui refusait de quitter les lieux malgré une injonction de justice.

Transformer le lieu de culte en médiathèque. Cette salle avait été aménagée sous la précédente municipalité PS et louée sous un "bail précaire" à l'UAMC, qui voulait la racheter. À l'échéance du bail, le nouveau maire Rémi Muzeau, élu en 2015, avait "malgré ses promesses électorales" décidé de transformer en médiathèque le lieu qui accueillait quotidiennement de 3.000 à 5.000 fidèles, a déploré Laoucine Ikij, secrétaire de l'UAMC qui a mené la prière ce vendredi. Rémi Muzeau avait parallèlement inauguré la mosquée des Trois-Pavillons, gérée par une autre association cultuelle, à 1,5 km du centre-ville. Mais l'UAMC juge cette mosquée excentrée, mal desservie par les transports en commun, trop exiguë et ne respectant pas les normes de sécurité, ce que le maire récuse.