Les juges antiterroristes soupçonnent que ce projet de braquage n'était qu'un point d'étape en vue de financer la cause djihadiste. 1:20
  • Copié
Marion Dubreuil, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Le procès de quatre hommes radicalisés s'ouvre vendredi après-midi à Paris. Ils sont soupçonnés d'avoir projeté un braquage pendant l'acte I des "gilets jaunes", le 17 novembre 2018. Ils comptaient profiter de la mobilisation des forces de l'ordre sur la manifestation pour agir. Mais les juges soupçonnent que ce projet n'était qu'un point d'étape en vue de financer la cause djihadiste.

"Ça va saigner le 17." C'est avec ce SMS envoyé peu de temps avant l'acte I des "gilets jaunes", que quatre hommes radicalisés, qui avaient projeté un braquage le 17 novembre 2018, sont arrêtés avant de pouvoir mener à bien leur projet. À l'époque, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait évoqué d'un attentat déjoué. Leur procès s'ouvre vendredi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre un délit.

Des profils radicalisés

Mis sur écoute par les forces de l'ordre, les quatre suspects avaient fait en effet marquer cette journée d'une pierre noire. C'est là qu'il faut agir, explique un suspect, quand tous les flics sont sur les routes. Ce qui inquiète les services de renseignement, c'est leur profil très radicalisé.

L'un est en prison pour un départ avorté en Syrie : à seulement 27 ans, il partage depuis sa cellule chant religieux et propagande djihadiste avec deux frères à l'extérieur. L'aîné est surnommé "Barbe noire", le cadet a tenté de se procurer une réplique de fusil d'assaut. Quant au quatrième suspect, il s'agit d'un ex-militaire quinquagénaire converti qui ne cache pas sa haine de la France.  

Un braquage pour financer la cause djihadiste ?

Mais au fil de l'instruction, la réalité d'un projet d'attentat s'étiole au profit d'un projet de braquage aux contours encore flous. Ainsi, on ne sait pas si leur cible était un fourgon ou un distributeur de billets à Saint-Étienne. De leur côté, les juges antiterroristes soupçonnent que ce projet de braquage n'était qu'un point d'étape en vue de financer la cause djihadiste.

L’enjeu au tribunal, explique Léa Dordilly, avocate de la Défense, sera de savoir si le profil un peu radicalisé des prévenus permet de traiter un délit de droit commun comme un acte terroriste.