Tombée entre les griffes d’un pervers narcissique, Christine raconte son calvaire

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Tombée entre les griffes d’un pervers narcissique, Christine raconte son calvaire. © Pixabay
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Christine a connu l'enfer pendant quatre ans en étant en couple avec un pervers narcissique. De nature débrouillarde, elle raconte à Olivier Delacroix dans "La Libre antenne", comment elle est tombée dans les filets "dorés" d'un homme, qui se sont rapidement transformés en "ténèbres".

>> Tous les soirs dans la Libre Antenne d'Europe 1, les auditeurs se confient et témoignent. Une difficulté, une mauvaise passe ou un moment de bonheur, notre Libre antenne est avant tout la vôtre. Au micro d'Olivier Delacroix ce soir-là, Christine, 59 ans, raconte comment elle est tombée entre les griffes d'un pervers narcissique. Une "lente descente dans les ténèbres" qui a duré quatre ans.

De gentil à humiliant

"Pour moi, cet homme était le prince charmant. Je l'ai rencontré il y a sept ans : il était tellement gentil, il voulait que tout le monde sache que j'étais heureuse avec un homme. Mais ça s'est très vite dégradée et le prince charmant s'est transformé en diable. Il était toujours prêt à faire tout un tas de choses pour moi : il me faisait des cadeaux, me faisait des compliments toute la journée avec des tas de messages. Il me mettait sur un piédestal avec des choses que l'on a envie d'entendre. Il a continué jusqu'à ce que je tombe dans ses filets, dorés au départ. Mais ils se sont vite transformés en ténèbres.

Sa gentillesse devient vite un dénigrement. Il m'humilie, me déstabilise en m'attaquant, notamment sur mon poids. J'avais quatre-cinq kilos en trop, et quand il voyait quelqu'un qui avait un peu de poids dans la rue, il faisait semblant de vomir. Tout était comme ça : si je portais une robe, il me disait qu'elle était jolie, mais qu'elle ne m'allait pas. Ce sont de petites piques qui me déstabilisait. Au début, il était très gentil, il a tout fait pour que j'entre dans son petit monde, comme une proie dans une toile d'araignée.

Et il m'a emmené très loin. Car une fois qu'on est dans cette emprise, on est prêt à faire n'importe quoi pour cette personne parce qu'on a peur, peur de l'abandon, parce qu'il nous a tellement humilié, tellement détruit, qu'à un moment donné, on se demande ce que l'on va devenir si on est seul.

Il me disait d'ailleurs souvent 'heureusement que je suis là, que ferais-tu sans moi ? Tu pleurerais toute seule dans ton coin'. Mais je n'étais pas du tout comme ça avant de le rencontrer, j'étais une femme indépendante. Mais une fois dans cette emprise, je ne réfléchissais plus, je faisais ce qu'il voulait que je fasse.

"Je pense qu'il m'a drogué"

Il m'a notamment demandé qu'un autre homme se joigne à nous pendant l'acte, mais je ne voulais pas en entendre parler. Je me disais que ce n'était pas de l'amour. Et puis comme il était jaloux, je ne comprenais pas. Mais il me répondait que c'était simplement du sexe. Il m'en a tellement parlé qu'un jour, pour lui, je l'ai fait. Mais ça m'a tellement dégoûté que je ne voulais plus le faire. Alors, il me faisait des 'surprises' et invitait des gens… C'était toujours le même scénario et il fallait que je me batte contre ça.

Une fois, il a même invité un couple. Et quand ils ont commencé leur petit jeu, j'ai carrément pété les plombs et ça s'est terminé. Comme je lui ai dit que je ne céderai plus à son chantage odieux, je pense qu'il m'a drogué, parce qu'il s'est passé d'autres choses. J'ai eu des flashs, certains matins, je me suis réveillée dans un état un peu groggy. Je suis même sûre d'avoir été droguée, les détails sont trop flagrants pour être juste des rêves. Mais à un moment, j'ai fait un déni de tout ça, c'était trop dur de penser à ça. Et c'est pendant ma thérapie que tout cela est ressorti, avec des choses terribles. Je voyais les choses comme si j'étais spectatrice, c'était assez traumatisant.

Mais l'emprise avait également un pendant économique. À un moment, j'ai perdu mon travail, et je voulais en profiter pour ouvrir une boutique. Lui avait un restaurant qu'il voulait fermer. Il m'a proposé de faire mon projet ensemble. Il devait donc vendre son restaurant pour avoir l'apport nécessaire. Et il m'a demandé de faire un prêt relai de 50.000 euros en attendant la vente. Mais il a dépensé tout l'argent, certainement au casino, mais également lorsqu'il allait à droite à gauche. Il fallait toujours qu'il séduise des femmes, il cherchait sa prochaine proie parce qu'il savait que ça allait se terminer à un moment donné avec moi.

Une nouvelle "proie"

En plus, il avait ce côté où il devait montrer qu'il n'était pas pauvre, donc il lui fallait uniquement des choses chères. Il volait dans mon sac, il prenait dans la caisse du restaurant… Quand je me suis aperçu que les 50.000 euros avaient disparu, j'ai eu un déclic. Je me suis dit que ce n'était pas possible, je me suis vraiment retrouvée dans un moment où j'étais pétrifiée. Il m'a annoncé ça sur un ton tellement naturel…

Et je me suis retrouvée interdit bancaire, je le suis d'ailleurs toujours, puisque cela dure cinq ans. Ce n'est pas toujours facile à vivre, surtout quand on sait que lui a encore la grande vie parce qu'il s'est retrouvé une nouvelle proie. Cette dernière lui a acheté un nouveau restaurant, et il est à nouveau en place. J'ai prévenu cette personne de la personnalité de cet homme, parce que j'aurais aimé qu'on me prévienne. Je lui ai dit qu'il ne fallait surtout pas lui donner sa carte bancaire, mais c'était déjà fait, elle était déjà sous son emprise."