Tahar Ben Jelloun : "J'aimerais bien que Monsieur Zemmour se calme et qu'il revienne aux livres d'Histoire"

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Ugo Pascolo , modifié à
Au micro de Nikos Aliagas, Tahar Ben Jelloun revient sur les propos polémiques d'Eric Zemmour sur les prénoms d'origine étrangère.
INTERVIEW

"Il faut qu'Eric Zemmour revienne un peu aux origines et n'oublie pas ce qu'on fait les Africains, les Maghrébins pour ce pays". Invité lundi de Nikos Aliagas l'écrivain Tahar Ben Jelloun revient sur la tribune qu'il a publiée dans l'hebdomadaire Le Point, la semaine dernière, dans laquelle il répond aux propos d'Eric Zemmour lors de son passage sur le plateau des Terriens du dimanche et de l'échange houleux avec la chroniqueuse Hapsatou Sy, qui envisage de porter plainte.

"Ce qui gênait Eric Zemmour, ce n'est pas tant le prénom difficile à prononcer, mais la couleur de la peau d'Hapsatou Sy". "Eric Zemmour doit apprendre une chose très simple : pendant la Première Guerre mondiale, il y a eu 134.000 tirailleurs sénégalais qui ont donné leur vie pour la France. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il y a eu des Marocains aussi", rappelle Tahar Ben Jelloun. "Il faut les respecter, respecter leur mémoire. Et leurs petits-enfants et arrière-petits-enfants, dont Hapsatou Sy, devraient être des Français comme les autres. Ce qui gênait Eric Zemmour, ce n'est pas tant le prénom difficile à prononcer pour lui, mais la couleur de la peau de la chroniqueuse", lance l'écrivain.

"Une colère, une mauvaise humeur qui règnent dans ce pays". Pour Tahar Ben Jelloun, la pensée d'Eric Zemmour s'explique par l'état de la société française actuelle. "C'est plus profond que ça, il y a une colère, une mauvaise humeur qui règnent dans ce pays depuis quelque temps", affirme-t-il. "Les gens ne sont pas heureux, on leur a peut-être promis des choses qu'ils n'ont pas eu. On leur a peut-être raconté des histoires, notamment quelqu'un comme Eric Zemmour leur en raconte beaucoup qui sont fausses, et les gens pensent qu'ils devraient avoir telle ou telle chose, mais ils ne l'ont pas", analyse l'écrivain. 

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"On a tout confondu". "C'est dans la culture française de râler, mais quand on parle de l'invasion de l'immigration, c'est faux. Il y a eu heureusement des sociologues qui ont démontrer qu'il n'y a pas d’invasion. Il y a des problèmes, bien sûr, avec les clandestins, avec les réfugiés - qui eux ne sont pas des immigrés - qui ne demandent qu'à rentrer chez eux. Mais on a tout confondu : les migrations économiques, les clandestins, les enfants d'immigrés qui sont Français etc".