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Virginie Salmen, édité par Cédric Chasseur
La mission parlementaire chargée d'évaluer le plan de sortie du glyphosate pour 2021 présentera mercredi son rapport. Pour les deux députés qui ont rédigé ce document, le calendrier sera difficile à tenir, et la suppression de cet herbicide va coûter très cher aux agriculteurs. 
REPORTAGE

Il ne doit être présenté à la presse que mercredi, mais on connait déjà les premières conclusions du rapport de la mission parlementaire sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate. Les deux députés en charge de ce dossier, Jean-Luc Fugit (LREM) et Jean-Baptiste Moreau (LREM) pensent qu'il sera difficile de sortir du glyphosate pour 2021. Pire, ils jugent "inconscient" d'attendre le 31 décembre 2020 pour savoir "quelles situations culturales" devront obligatoirement cesser d'utiliser l'herbicide le 1er janvier 2021 et lesquelles pourront bénéficier d'un délai. Les élus pressent donc l'Etat de préciser le nom des cultures qui "bénéficieront d'une dérogation" d'utilisation du glyphosate, au plus tard en juin prochain.

Un investissement supplémentaire pour les agriculteurs

Dans ce rapport, les deux députés estiment en plus que la suppression du glyphosate va coûter très cher aux agriculteurs. Il faudra selon eux plus de main d'oeuvre et réaliser des investissements en matériels nouveaux. Pour désherber à la place de cet herbicide bon marché, il faudra aussi trois à quatre fois plus de carburant pour les tracteurs. Selon le rapport, cela représente 50 à 150 euros de charges supplémentaires par hectare. Mais pour Joël Limouzin, céréalier en Vendée, la note sera encore plus salée. Jusqu'à "600 à 700 euros de l'hectare supplémentaire dans certains cas", car il faudra "trois à quatre passages de tracteurs" de plus.

Des arguments qui suscitent la surprise et des interrogations chez les opposants au glyphosate. "J'aimerai bien savoir qui ils ont rencontré", se demande d'ailleurs Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement. Il s'étonne d'entendre des propos habituellement tenus "dans les bouches de tenants de l'agriculture conventionnelle". Jean-David Abel s'interroge d'ailleurs sur le travail des deux députés. "Cela m’étonne énormément que des parlementaires n’aient pas vu qu’il existe des modèles alternatif sans glyphosate et qui ne sont pas sur ces montants-là d’inconvénients et de surcroît de travail."