Seine-Saint-Denis : "des actes de maltraitances" dans un foyer pour personnes handicapées

L'établissement a été placé sous administration provisoire. Photo d'illustration.
L'établissement a été placé sous administration provisoire. Photo d'illustration. © PHILIPPE DESMAZES / AFP
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avec AFP , modifié à
La Maison d'accueil spécialisée (MAS) des Pavillons-sous-Bois a été placée sous administration provisoire par les autorités sanitaires. Trois plaintes ont été déposées contre l'établissement.

Des "actes de maltraitance" ont été commis à l'encontre d'un résident d'un foyer pour jeunes adultes dépendants en Seine-Saint-Denis, ont annoncé mardi les autorités sanitaires, qui estiment que la sécurité des usagers n'y est "pas garantie", et ont placé l'établissement sous administration provisoire.

L'Agence régionale de santé Île-de-France a précisé dans un communiqué avoir été destinataire début juillet d'un signalement pour des faits de violence à la maison d'accueil spécialisée (MAS) Virginie, située aux Pavillons-sous-Bois. Une inspection, menée sur place jeudi dernier, "a permis de confirmer les actes de maltraitance à l'encontre d'un résident et a mis en évidence d'importantes carences en personnel", a ajouté l'ARS.

"La sécurité des usagers n'est pas garantie"

L'établissement "avait déjà fait l'objet de plusieurs signalements depuis 2014", qui avaient conduit l'ARS à y mener plusieurs inspections, et à formuler des "injonctions" concernant notamment la "sécurisation du circuit des médicaments" ou le manque de personnel. "Au regard de l'ensemble de ces éléments, l'Agence régionale de santé estime que la sécurité des usagers de la MAS Virginie n'est pas garantie et a pris la décision de placer l'établissement sous administration provisoire", confiée à l'établissement public de santé mentale de Ville-Evrard, également en Seine-Saint-Denis.

Dans ce dossier, une enquête judiciaire pour violences sur personnes vulnérables a par ailleurs été ouverte après trois plaintes déposées par des familles, a indiqué le parquet de Bobigny. Cette enquête a été ouverte en août 2018 après une première plainte déposée par la famille d'un pensionnaire, dont la main avait été fracturée, selon une source proche de l'enquête. Deux autres ont suivi. La dernière, qui date de juin dernier, concerne un jeune homme de 29 ans qui aurait été frappé à coups de bâton, a révélé mardi Le Parisien.

"Kevin avait des bleus en rentrant à la maison"

Monique, la mère du jeune homme, a déposé plainte à la fin du mois de juin pour "violences sur une personne vulnérable". Dans une vidéo envoyée par un anonyme, et consultée par Le Parisien, on y voit son fils, atteint de troubles du spectre autistique, frappé par un employé lors d'une sortie à l'extérieur.

"Lorsque j'ai reçu cette vidéo, j'étais déjà inquiète car j'avais remarqué que Kevin avait des bleus en rentrant à la maison le week-end du 22 juin. Ce n'était pas la première fois. Je l'ai emmené chez le médecin qui lui a prescrit 10 jours d'incapacité totale de travail", explique Monique au Parisien. Alors qu'elle avait alerté l'établissement, ce dernier lui a répondu que le jeune homme s'était lui-même infligé ces blessures. "On m'a dit qu'il était facilement marqué à cause de ses problèmes de plaquettes sanguines. J'ai trouvé ça bizarre. Et Kevin criait beaucoup. Il disait : "Pas la Mas! pour montre qu'il ne voulait pas y retourner". D'autres photos publiées par France Bleu Paris montrent plusieurs hématomes sur les jambes du jeune homme.

L'employé fautif mis à pied

Une autre plaignante, Hélène, a retiré son fils de l'établissement il y a un an, après avoir découvert plusieurs blessures sur le corps de son fis. "Il a été brûlé au second degré en allant prendre sa douche. Il y a eu une fracture de l'humérus en mai 2013. On est aperçu très tard qu'il avait le bras qui pendait", explique-t-elle à France Bleu Paris.

"L'auteur présumé des faits (de violence) a été mis à pied à titre conservatoire immédiatement, dès la connaissance des faits, et il y a une procédure de licenciement", a précisé de son côté, sur Franceinfo, la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, dénonçant des "faits accablants".