Sandra, 40 ans, atteinte de trouble de l'anxiété généralisée : "L'angoisse vient quand j'ai des imprévus"

© Pixabay / Creative Commons
  • Copié
Anaïs Huet , modifié à
Que ce soit pour les petites déconvenues du quotidien ou pour les gros coups durs de la vie, Sandra ne peut réprimer une angoisse maladive. Elle s'en est ouverte à Olivier Delacroix, lundi sur Europe 1.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Cela fait plus de 20 ans que Sandra, 40 ans, est sujette à l'anxiété. Ses crises d'angoisse sont particulièrement fortes et la paralysent, au point d'avoir développé une agoraphobie. Sans ses médicaments, Sandra ne pourrait pas sortir de chez elle. Mais récemment, elle a appris qu'elle allait prochainement perdre son emploi, ce qui a démultiplié son angoisse. Elle a raconté son difficile quotidien à Olivier Delacroix sur Europe 1.

"Vers l'âge de 17 ans, on m'a diagnostiqué une agoraphobie qui s'est très vite transformée en phobie sociale. J'avais énormément d'anxiétés et de crises de panique. Il était donc impossible pour moi à ce moment de sortir de chez moi sans avoir des tremblements, des rougeurs ou des pâleurs sur le visage, de la névralgie intercostale - c'est-à-dire les nerfs qui vous prennent au niveau du cœur et qui vous donnent une sensation d'étouffement - des vertiges… Ça allait même parfois jusqu'à tomber dans les pommes. Voilà ce que l'on ressent lors d'une grosse attaque de panique.

En général, l'angoisse vient quand j'ai des imprévus, quelque chose qui capote dans ma journée. Comme tout le monde, j'ai un stress naturel qui arrive, mais qui se démultiplie complètement chez moi. Je peux avoir une crise d'angoisse à ce moment.

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

J'ai consulté dans le passé. On m'a parlé de crises de panique et on m'a donné un anxiolytique, que j'ai pris pendant plus de dix ans. Je pense que cela a été une béquille. Mais cela a plus couvert le problème qu'il ne l'a guéri. Je suis passée par de la médecine traditionnelle et non traditionnelle. J'ai fait un peu d'hypnose, un peu d'acupuncture. Malheureusement, l'acupuncture est très mal remboursée et très peu connue. Mais ça détend sur le coup. Le problème des troubles de l'anxiété généralisée (TAG), c'est que c'est au quotidien, c'est chronique et constant. Or, on ne peut pas faire des séances tous les jours. D'où la prise d'anxiolytique tous les jours pour y pallier, me permettre d'aller travailler ou d'aller me coucher.

J'ai vu des spécialistes : psychiatres, psychothérapeutes… Et puis les choses ont fait que, petit à petit, ça s'est tassé. Malheureusement, avec les coups de la vie et une perte d'emploi future, mon anxiété revient grandement. Depuis trois mois, elle est constante au quotidien. Je fais de l'angoisse anticipée.

J'ai eu pas mal de choses difficiles dans les dernières années de ma vie, et je pense que ça a pu contribuer. Mais globalement, je ne sais pas d'où vient mon angoisse, car j'ai commencé la psychothérapie récemment. Je pense personnellement que ce n'est pas parce qu'on sait d'où vient ce problème que l'on en guérit.

Ce qui me soulage malheureusement, c'est que depuis deux mois, je suis sous antidépresseurs et sous anxiolytiques. C'est ce qui me sauve au quotidien."

L'avis de Jean-Luc Ducher 

Psychiatre, auteur de  Vaincre son anxiété par soi-même

"Tout le monde peut être un jour ou l'autre anxieux. Le trouble de l'anxiété généralisée (TAG), c'est quand quelqu'un se fait du souci de manière excessive et répétée. Si on est face à une situation qui nous angoisse, on va être anxieux et c'est logique. Mais celui qui a un TAG va toujours dramatiser, imaginer des scénarios catastrophes. Si son conjoint est en retard, c'est qu'il lui est arrivé un accident. On est tout de suite dans la pire hypothèse.

L'anxiété a certainement un côté héréditaire, de manière génétique et aussi de manière éducationnelle. Si on a des parents anxieux, on aura tendance à développer le même comportement.

Des traitements médicamenteux existent pour traiter l'anxiété. L'anxiolytique va avoir un effet sur le lâcher prise, sur les sensations corporelles. Les antidépresseurs auront davantage un effet sur le psychisme. Pour un antidépresseur, on peut le prendre sur le long terme, mais pour un anxiolytique, on conseille de le prendre seulement sur deux ou trois mois. La thérapie est sans aucun doute le meilleur traitement. Le médicament ne va pas changer ce qu'on est et ce qu'on se dit.

Il faut savoir que faire des attaques de panique n'est pas quelque chose de grave. 30% de la population en fait. Mais seulement 1% s'en inquiète. Il faut savoir que jamais personne n'est mort d'une attaque de panique. Le problème, ce n'est pas de faire une crise de panique, c'est d'avoir peur d'en refaire.

Il y a un truc qui est tout simple, c'est la respiration abdominale : apprendre à bien respirer par le ventre. Jusqu'à l'âge de 7 ans, un enfant respire par le ventre, et après on perd cette habitude. Ça ne fait qu'aggraver notre anxiété."