Transports, lieux publics… comment surmonter la peur de la foule ?

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Entre les grèves des transports et le retour des beaux jours, les possibilités de se retrouver dans des endroits bondés sont nombreuses.

Vous transpirez à l’idée de vous retrouver coincé au milieu de la foule, dans la rue ou sur un quai noir de monde ? La simple pensée d’un train plein à craquer vous provoque des crises d’angoisse ? Vous faites peut-être partie de ces millions de Français atteints de phobie sociale, d’agoraphobie ou autre ochlophobie, autant de termes servant à désigner la peur des foules. Et le retour des beaux jours, l’arrivée des vacances, des ponts ou de la grève massive prévue à la SNCF ne devraient pas arranger les choses. Comment surmonter cette peur ? Europe 1 vous livre quelques suggestions.

Peur des foules : de quoi s'agit-il ?

Plusieurs termes désignent la peur de se retrouver coincé au milieu de la foule. Dans le langage populaire, le terme agoraphobie est régulièrement utilisé. Et pour cause : il est issu des mots grecs agora et phobie, c’est-à-dire "assemblée" et "peur". Mais les médecins emploient en réalité ce terme pour désigner une pathologie bien particulière : la peur de se retrouver dans un endroit ou une situation desquels on ne peut pas s’échapper. Cela peut, donc, désigner autant une foule compacte qu’un endroit clos. Selon l’OMS, un peu plus de 2% de la population française serait agoraphobe.

Le terme phobie sociale, parfois employé, peut se résumer à une timidité extrême, et désigne toute peur de se retrouver avec d’autres personnes dans un endroit qui ne nous est pas familier. Dans des cas extrême, par exemple, la personne refuse même de se rendre chez des amis. Près de 5% des Français en seraient atteints, à des degrés divers.

La peur des foules en tant que telles, au sens d’une masse d’individus rassemblés en un endroit exigu, est désignée par les termes ochlophobie (lorsque l’on ressent un sentiment d’oppression au contact de la foule) ou démophobie (lorsque c’est véritablement de la peur). Difficilement quantifiable, elle peut concerner des millions de personnes selon les degrés. Ainsi, certains vont avoir des palpitations, des vertiges, transpirer, trembler, d’autres vont carrément avoir des nausées ou des picotements dans les mains ou les pieds, quand d’autres peuvent développer de profondes crises d’angoisse de près d’une heure au contact d’une foule. Dans les cas les plus pathologiques, cela peut conduire à un isolement social total ou à une dépression très sévère.

Comment la surmonter ?

Il n’y a, évidemment, pas de recettes miracles et la meilleure chose à faire en cas d’affection sévère reste d’aller voir un psychiatre. Quelques exercices peuvent toutefois vous aider à atténuer vos angoisses.

Par exemple, vous pouvez commencer par imaginer la scène dans laquelle vous allez vous retrouver et qui vous angoisse. Puis essayez d’imaginer que les gens autour de vous ont des jugements favorables à votre égard. Imaginez-les au ralenti, afin de "modifier votre schéma cognitif", pour reprendre l’expression du psychanalyste Rodolphe Oppenheimer. Dites-vous que la personne qui vous regarde regarde en réalité dans le vide. Pendant cet exercice, notez également vos ressentis. "Je demande à mes patients d’user de leurs cinq sens pour me décrire ce que chacun ressent, quel goût a cet instant, quelles couleurs s’affichent à leurs yeux, quelle odeur se dégage des images qui s’affichent à eux ? Quels mots sur ces maux ?", décrit le thérapeute dans l’Obs.

Au sein même de la foule, essayez au plus possible de relativiser. Vous pouvez, par exemple, vous poser une série de questions : "y a-t-il une menace immédiate ? Au pire, y a-t-il des sorties de secours ? Comment les gens se comportent-ils ? Sont-ils calmes, souriants ? Cette prise de recul permet de se resituer dans le présent plutôt que dans l’avenir, source de fantasmes", indique le psychiatre comportementaliste Frédéric Chapelle dans Psychologie magazine.

Pensez à respirer lentement, essayez de vous concentrer sur votre respiration : cela vous permettra d’éviter l’hyperventilation, voire des troubles de la vue. Aussi, et surtout, il est important de ne pas sous-estimé son angoisse : il peut s’agir d’une vraie pathologie, acquise après un traumatisme, voire parfois innée.

D'où proviennent ces peurs ? 

Il existe plusieurs explications à ces peurs. Certains traumatismes (un deuil, un accident, une agression, une faute particulièrement difficile à assumer) sont souvent accompagnés de troubles phobiques : la rupture et la perte de repères qu'ils entraînent peuvent entraîner un sentiment d'insécurité ou d’oppression provoqué par le regard, l'impression de jugement, voire la simple présence d'autres personnes, perçues comme des menaces ou des accusateurs.

L'éducation peut aussi entrer en ligne de compte : lorsqu'elle a été trop laxiste (et donc peu rassurante) ou au contraire si l'on vous a appris que le monde extérieur est un danger permanent ou une source de problèmes, par exemple. Un secret de famille particulièrement lourd peut également entraîner une sorte de paranoïa, l'impression que tout le monde peut le découvrir. Avoir été confronté à un entourage très intrusif peut aussi engendrer une phobie : on a alors l'impression que tout le monde peut s’immiscer dans sa vie. Enfin, un manque de confiance en soi peut provoquer la peur des autres, voire susciter l'habitude de se comparer à eux, avec le sentiment qu'ils sont toujours mieux.

Tous ces éléments ne sont toutefois que des hypothèses et ne s'appliquent pas nécessairement à tout le monde. Certains personnes préféreront naturellement les grands espaces et la solitude, sans qu'il y ait forcément un lien avec leur passé.