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Alexandre Chauveau, Arthur de Laborde, Aurélien Fleurot, avec Europe 1 et AFP , modifié à
Parmi les nombreuses réactions à l'utilisation du 49.3 pour la réforme des retraites, certains syndicats de l'Éducation nationale, appellent à la grève pour le début de la semaine prochaine, alors que commencent les épreuves de spécialités du bac. Le groupe Liot vient de déposer une motion de censure. Suivez l'évolution de la situation en direct. 
L'ESSENTIEL

Un onzième 49.3 qui passe mal. Au lendemain du passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites, les réactions sont légion, aussi bien devant les micros des médias que sur le terrain. Tandis que la presse française fustige "l'échec" et la "faiblesse" d'Emmanuel Macron, la CGT a bloqué le périphérique parisien. Par ailleurs, certains syndicats de l'Éducation nationale ont lancé un appel à la grève pour la semaine prochaine. Suivez l'évolution de la situation en direct.

Les principales informations à retenir :

  • La France insoumise va déposer lundi un recours au Conseil constitutionnel
  • Le groupe indépendant Liot et le RN déposent une motion de censure
  • 200 manifestants réunis à l'appel de la CGT ont entravé la circulation sur le périphérique parisien ce vendredi matin
  • La CGT a annoncé que la raffinerie TotalEnergies "sera arrêtée" dès ce week-end
  • Le renseignement s'attend à une radicalisation de la contestation
  • Un appel à la grève lancé par des syndicats de l'Éducation nationale pour la semaine prochaine 

Grèves : la DGAC demande d'annuler lundi 30% des vols à Paris-Orly et 20% à Marseille

La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d'annuler lundi 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% à Marseille-Provence, en raison du mouvement de grève des contrôleurs aériens contre la réforme des retraites. "En dépit de ces mesures préventives des perturbations et des retards sont néanmoins à prévoir", a prévenu la DGAC vendredi.

"Nous avons décidé d'amplifier la mobilisation", dit la CFDT-Cheminots

Le secrétaire général de la CFDT-Cheminots, Thomas Cavel, indique au micro d'Europe 1 que le syndicat avait décidé "de poursuivre et d'amplifier la mobilisation". "On a franchi hier (jeudi) un cap supplémentaire avec le recours au 49.3. On sait qu'on a une journée (de mobilisation) le 23 (mars) qui est fléchée, donc nous allons travailler à une mobilisation la plus large et la plus forte possible", prévient-il.

Thomas Cavel ajoute que "le passage au 49.3 a suscité beaucoup, beaucoup d'écœurement, de colère, d'incompréhension démocratique", insiste-t-il, "et nous sommes mobilisés pleinement avec l'objectif du retrait de cette mauvaise réforme".

Quel avenir pour Élisabeth Borne ?

Au lendemain du déclenchement du 49.3, la Première ministre Élisabeth Borne apparait fragilisée, d'abord parce qu'Emmanuel Macron a lui-même choisi de rester en retrait tout au long du débat parlementaire sur les retraites, explosant pleinement sa Première ministre pour porter sa promesse de campagne. Et l'ancienne ministre des Transports se retrouve donc face à un constat d'échec.

Élisabeth Borne est également affaiblie au sein de son propre camp, car certains députés de la majorité pointent ses errements sur le fond, par exemple sur le nombre de personnes concernées par la pension minimale de 1.200 euros. D'autres critiquent la forme et lui reprochent notamment d'avoir sous-estimé la capacité de mobilisation des syndicats, tout en surestimant le soutien que les Républicains pourraient apporter au texte.

La France insoumise va déposer un recours au Conseil constitutionnel

Les députés de La France insoumise contestent toujours le véhicule législatif emprunté par le gouvernement pour faire adopter la réforme des retraites. C'est pourquoi le groupe va déposer lundi un recours au Conseil constitutionnel. Ce sera juste après l'examen des deux motions de censure dans l'hémicycle.

La gauche ne désespère pas de renverser le gouvernement

Le groupe indépendant Liot a déposé une motion de censure qui se veut transpartisane contre la réforme des retraites du gouvernement, mais celle-ci a pour l'instant peu de chances d'aboutir. En effet, elle a besoin du soutien de la totalité des voix de la Nupes, du RN, du groupe Liot lui-même et de 25 à 30 députés LR. Or, Les Républicains ne devraient pas la signer, comme l'a indiqué Éric Ciotti. La plupart d'entre eux ne souhaitent pas mêler leurs voix à celles de la Nupes, dont l'attitude a choqué dans l'hémicycle au moment du discours d'Élisabeth Borne.

Toutefois, la gauche ne désespère pas de renverser le gouvernement. "Si chacun vote en conscience, alors tout est possible", assure Jérôme Guedj, le député socialiste, au micro d'Europe 1. "S'il y a une absence de majorité, elle peut se retrouver aussi dans le vote d'une motion de censure", espère l'élu de l'Essonne.

Les syndicats de la SNCF appellent à poursuivre la grève reconductible

Les quatre syndicats représentatifs de la SNCF ont appelé vendredi à "maintenir la grève" entamée le 7 mars et "à agir massivement le 23 mars" pour s'opposer à la réforme des retraites. La CGT-Cheminots, l'Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail et la CFDT-Cheminots invitent également les salariés du rail à "multiplier les actions et initiatives unitaires dès ce week-end dans tous les territoires" après le déclenchement du 49.3 décidé jeudi par le gouvernement, considéré comme "un énième bras d'honneur au mouvement social".

10.000 tonnes de déchets non ramassés à Paris, selon la mairie

La barre des 10.000 tonnes de déchets non ramassés dans les rues de Paris a été atteinte vendredi à la mi-journée, selon l'estimation de la mairie, au douzième jour de la grève de ses éboueurs contre la réforme des retraites. L'entourage de la maire PS Anne Hidalgo indique qu'"aucune benne n'est sortie" dans les arrondissements où le ramassage est assuré par les agents municipaux, alors que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin affirme que la réquisition des agents "fonctionne et permet de ramasser ces poubelles".

Le Rassemblement national dépose une motion de censure

Les députés Rassemblement national (RN) ont à leur tour déposé une motion de censure du gouvernement vendredi, en riposte au 49.3 dégainé par l'exécutif pour faire adopter sans vote la réforme des retraites. "Et nous voterons toutes les motions de censure présentées", a souligné la députée Laure Lavalette, alors qu'une motion de censure transpartisane a été déposée par le groupe indépendant Liot, susceptible de fédérer des voix de différents camps, contrairement à celle du RN.

Une motion de censure transpartisane déposée à l'Assemblée contre le gouvernement

Les députés du groupe indépendant Liot ont annoncé vendredi le dépôt à l'Assemblée nationale d'une motion "transpartisane" de censure du gouvernement, co-signée par des élus de la Nupes, en riposte au déclenchement du 49.3 pour faire adopter sans vote la réforme des retraites. "Le vote de cette motion permettra de sortir par le haut d'une crise politique profonde", a déclaré devant la presse le chef de file du groupe, Bertand Pancher, regrettant que "les collègues de LR ne soient pas signataires".

Plusieurs milliers de manifestants à Rennes 

Environ 5.000 manifestants selon les syndicats, 2.600 selon la préfecture, ont défilé vendredi dans le calme à Rennes pour protester contre le projet de réforme des retraites et le recours au 49.3 par le gouvernement. La préfecture d'Ille-et-Vilaine a précisé que la manifestation réunissait à la mi-journée "2.600 personnes dont 750 jeunes (étudiants et lycéens)" et "pas d'ultragauche détecté quant à présent".

Les jeunes ont pris la tête du cortège, déclaré en préfecture, qui s'est élancé vers 11h30 dans les rues de la capitale bretonne au son de "Bella ciao". "Tu nous mets 64, on te mai 68", pouvait-on lire sur une pancarte brandie par une jeune femme. "Aujourd'hui dans la rue, demain on continue" ou "la retraite à 60 ans, on s'est battu pour la gagner, on se bat pour la garder", scandaient des manifestants.

Des syndicats de l'Éducation appellent à la grève des surveillants la semaine prochaine, au début des épreuves du Bac

Au lendemain de l'utilisation du 49.3 par la Première ministre Élisabeth Borne pour faire passer la réforme des retraites, plusieurs syndicats de l'Éducation appellent une grève des surveillants la semaine prochaine, alors que vont débuter les épreuves de spécialité du baccalauréat.

Parmi les syndicats qui souhaitent la poursuite des mobilisations, la CGT Educ'Action qui appelle, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, "à reconduire la grève dès ce mardi et à converger massivement avec les autres secteurs jeudi 23 mars." "Le gouvernement porte l'entière responsabilité des grèves et de leurs conséquences sur le baccalauréat", ajoutent-ils.

Le périphérique parisien paralysé par la CGT

Environ 200 manifestants, réunis à l'appel de l'union régionale d'Ile-de-France de la CGT, entravent la circulation sur le périphérique parisien vendredi matin, lors d'une action pour protester contre la réforme des retraites, a constaté une journaliste de l'AFP. Les manifestants sont descendus sur les voies vers 7h30 à hauteur de la porte de Clignancourt, bloquant la circulation sur le périphérique intérieur, avant de se diriger en cortège vers la porte de la Chapelle en obligeant les automobilistes à rouler au pas.

Parmi eux se trouvaient de nombreux agents EDF, qui ont déployé une banderole à l'effigie de l'entreprise. Beaucoup portaient des chasubles ou des gilets fluorescents et chantaient "on est là, on est là", "le 49.3 on n'en veut pas", "grève, blocage, Macron dégage" ou encore "la retraite à 60 ans, on s'est battus pour la gagner, on se battra pour la garder". "On est remontés", a déclaré à l'AFP l'une des manifestantes, Soumaya Gentet, 51 ans, de la CGT Monoprix, qui dit avoir fait toutes les manifestations contre la réforme des retraites. "On tiendra jusqu'au retrait, Borne n'a aucun respect, ils ne tiennent pas compte de la volonté du peuple", estime-t-elle.

Peu après 8 heures, les manifestants ont quitté le périphérique proprement dit et stationnaient sur une de ses voies d'accès, et la circulation a pu reprendre normalement. Ils se sont ensuite dispersés dans le calme, sans intervention des forces de police, qui étaient présentes.

La raffinerie TotalEnergies de Normandie "sera arrêtée" dès ce week-end, selon la CGT

La raffinerie TotalEnergies de Normandie, où les salariés sont en grève mais où les expéditions se poursuivent, "sera arrêtée" à partir de ce week-end, a indiqué vendredi à l'AFP Eric Sellini, coordonnateur CGT au sein du groupe pétrolier. "Les salariés ont haussé le ton" et "les principales unités commenceront à s'arrêter à partir de demain" de manière à ce que "normalement, la raffinerie sera arrêtée ce week-end ou lundi au plus tard", a-t-il détaillé, au lendemain de l'annonce par le gouvernement de son recours à l'article 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites.

Le recours au 49.3 "n'est pas un échec" 

Le ministre du Travail Olivier Dussopt a nié vendredi le fait que le recours la veille à l'article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites soit "un échec". "Ce serait un échec s'il n'y avait pas de texte, or il y a un texte", "ce n'est pas un échec", a affirmé le ministre sur RMC/BFMTV. Il a ajouté qu'il aurait préféré qu'il y ait un vote, recherché par l'exécutif "jusqu'à la dernière minute". De son côté, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a estimé vendredi que ce dernier avait "vocation à continuer de gouverner". 

"Le 49.3, c'est un moment aussi de perte de contrôle par le gouvernement", a-t-il analysé, "c'est un moment où l'Assemblée nationale est totalement souveraine pour décider de vous accorder la confiance ou de vous la retirer donc il n'y a pas d'alternative au vote des députés". Sur l'avenir d'Élisabeth Borne à Matignon, il a affirmé avoir "confiance" en elle, "mais mon avis ne compte pas". "Le choix de la méthode de la Première ministre, qui est celui de la concertation et la recherche de compromis etc, c'est quand même un choix qui a porté ses fruits dans d'autres textes", a-t-il estimé.

Le 49.3 va-t-il entraîner une radicalisation de la contestation ? 

Le 49.3 va-t-il mettre le feu aux poudres ? Une note du renseignement s'attend en tout cas à voir la contestation devenir de plus en plus virulente. Le recours à l’article 49.3 est "susceptible de revivifier le sentiment anti-démocratique, la contestation et potentiellement sa radicalisation", peut-on ainsi lire dans une note du service territorial.

310 interpellations jeudi en France, selon Gérald Darmanin

Au total, 310 personnes ont été interpellées jeudi en France dont 258 à Paris lors de manifestations contre le recours du gouvernement au 49.3, a annoncé vendredi Gérald Darmanin. "L'opposition est légitime, les manifestations sont légitimes, le bordel ou la bordélisation, non", a poursuivi sur RTL le ministre de l'Intérieur, évoquant des "manifestations très difficiles" et dénonçant "des effigies brûlées" à Dijon et des préfectures prises pour cible en fin de journée.

"Les places des églises et des villages, c'est pas des ZAD !", a-t-il dit, ajoutant que le gouvernement "ne laissera pas faire (...) des manifestations spontanées et le n'importe quoi à tout moment". A Paris, "au plus fort" de la soirée, 10.000 personnes étaient rassemblées place de la Concorde, selon Gérald Darmanin. Dans 24 autres villes, 52.000 personnes ont participé à des manifestations, selon un bilan de la police.

Gérald Darmanin, qui réunit ce vendredi les préfets, a expliqué qu'il leur demanderait d'être "fermes contre les violences". "La liberté de manifester est un droit constitutionnel", a-t-il dit, mais on empêchera que "la chienlit soit au rendez-vous". Le ministre a d'ailleurs envoyé des renforts à Rennes 

C'est la CR8, la compagnie de CRS spécialisée dans le maintien de l'ordre et la lutte contre les violences urbaines, qui va être envoyée. 14 individus ont été interpellés à Rennes jeudi soir.

L'OCDE appelle le gouvernement français à "rester sur sa ligne"

L'OCDE a défendu vendredi le projet controversé de réforme des retraites en France, et a appelé le gouvernement à le mettre en œuvre. "Nous vivons plus vieux et vivons plus vieux en meilleure santé", c'est pourquoi "il nous faut accepter de travailler un peu plus longtemps", a déclaré le secrétaire général de l'OCDE Mathias Cormann lors d'une conférence de presse sur les perspectives économiques mondiales. Les systèmes de retraites actuels ont été mis en place "à une époque où l'espérance de vie était moindre", a-t-il souligné, ajoutant qu'ils étaient "basés sur des hypothèses de coûts qui ne sont plus valables".

"Après tout le chemin parcouru, je suis certain que le gouvernement français va et doit rester sur sa ligne et aller jusqu'au bout", a encore dit Mathias Cormann. "L'âge effectif de départ à la retraite en France est bas" comparé à d'autres pays, a ajouté pour sa part Alvaro Pereira, chef économiste par intérim de l'organisation. Le gouvernement français a annoncé jeudi ne pas soumettre le projet de réforme des retraites, qui prévoit un relèvement de l'âge de départ de 62 à 64 ans, au vote des députés, préférant engager sa responsabilité sur le texte, au risque de voir adoptée une motion de censure contre lui.