De moins en moins de lycéens s'intéressent à la SVT (Illustration). 1:35
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Louise Sallé
Depuis la réforme du bac, le nombre d’heures de sciences et vie de la Terre a baissé de 18%. Les professeurs de SVT ont ainsi perdu 50% de leurs élèves. Le manque de compétences en biologie des bacheliers inquiète les formations en médecine et en agronomie. Un comité d'experts doit se pencher sur la place de la matière au lycée.

Il n’y a pas que les mathématiques qui sont négligées au lycée. Depuis la réforme du bac, entrée en vigueur en septembre 2019, les sciences et vie de la Terre (ou SVT) le sont aussi. La matière a perdu 50% de ses élèves, contre 37% pour les mathématiques et 36% pour la physique-chimie. Depuis trois ans donc, les SVT ont perdu 18% des heures qui leur étaient consacrées au lycée.

Cette baisse des heures résulte, d’une part, de l’enseignement scientifique du "tronc commun", que tous les lycéens doivent suivre et qui accorde peu de place à la matière. Et d’autre part, du fait que la spécialité "SVT" est délaissée en Terminale au profit des maths et de la physique-chimie, puisque les trois disciplines ne peuvent être cumulées.

"Avoir des compétences en SVT donne accès à 650.000 postes"

Le biologiste Marc-André Selosse, professeur du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, préside la fédération BioGée qui milite pour une place plus importante des sciences de la vie et de la terre au lycée. "Les futurs gestionnaires de l’agriculture et de la santé remettent à plus tard l’idée de faire de la biologie", déplore-t-il au micro d'Europe 1, "alors qu’avoir des compétences en SVT donne accès à 650.000 postes qui sont à pourvoir chaque année !"

Marc-André Selosse regrette également le manque de formation des étudiants en santé. Un problème qui se faisait déjà sentir avant la réforme du bac : "On a bien vu que tout un tas de personnels médicaux et paramédicaux avaient un problème avec la vaccination, ça illustre bien que leurs bases de biologie ne sont pas suffisantes."

La déception ne plus voir d'étudiants qualifiés en maths, physique et SVT

L’école Agro Paris Tech, qui forme les ingénieurs agronomes, se désole de ne plus avoir d’étudiants à la fois qualifiés en maths, en physique-chimie, et en SVT. Sébastien Saint-Jean y est maître de conférence en physique de l'environnement. "Maîtriser ces trois disciplines, c’est vraiment la richesse que pouvaient apporter les ingénieurs dans les sciences du vivant”, regrette-t-il sur Europe 1. "Avec la réforme, on va devoir se préparer à une remise à niveau, et il y a une inquiétude dans les formations du supérieur, c’est certain." Il poursuit : "Le secteur agroalimentaire représente pourtant, en France, le 1er secteur d'emploi industriel, soit entre 350.000 et 450.000 emplois", étaye-t-il, "la demande est forte."

Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a chargé, vendredi 18 février, un comité d’experts de regarder comment l’enseignement scientifique dans le tronc commun au lycée peut être renforcé. L’espoir que les SVT soient intégrées à la réflexion a été formulé. Mais la lettre de mission rédigée par le ministre est claire : c’est uniquement la place des maths qui sera repensée.