Face au réchauffement climatique, des vignerons font appel à des cépages oubliés, plus résistants face à la sécheresse. 1:34
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Virginei Salmen et Jean-Luc Boujon, édité par Rémi Duchemin
Météo France a dévoilé lundi les trois scénarios climatiques sur lequel il travaille pour l’avenir. Dans le pire des cas, les canicules pourraient se multiplier, avec des températures avoisinant les 50 degrés en été. De nombreux secteurs doivent déjà s’adapter, donc la viticulture.

Il y a cinq ans, la COP21 aboutissait au célèbre accord de Paris. Une grande majorité des pays du monde promettaient alors de tout faire pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés maximum d'ici la fin du siècle. Eh bien, c'est loin d'être gagné. Météo France a travaillé sur trois scénarios climatiques, et dans le pire des cas, notre pays pourrait connaître un climat extrême d'ici 2100.

"Des températures maximales qui pourraient avoisiner les 50 degrés en France"

Dans le plus pessimiste des scénarios, celui qui prend en compte la trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre actuelle, l’étude de Météo France montre en effet que les températures risquent d'augmenter de 3,9 degrés en moyenne et même de plus de 6 degrés l'été, avec des vagues de chaleur intense qui font que nos étés pourraient ressembler à ceux du Maghreb.

"On pourrait se retrouver avec des vagues de chaleur qui, au lieu de durer au maximum une dizaine de jours comme on connaît dans nos étés actuels, durerait plus d'un mois et avec des températures maximales qui pourraient avoisiner les 50 degrés en France", prévient Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo France, au micro d'Europe 1.

Des vignerons ressuscitent des cépages oubliés, plus robustes

Dans cette optique, et même dans les scénarios les plus favorables, tous les domaines vont devoir s'adapter : les constructions, l'urbanisation mais aussi l'agriculture. Dans les vignobles par exemple on commence à réfléchir à la façon dont on va composer avec le réchauffement climatique. Exemple dans un vignoble des Collines Rhodaniennes, dans la Loire, où l'on a ressorti des oubliettes des cépages anciens qui résistent à la sécheresse.

Dans certaines parcelles de son domaine de Tartaras, Pierre-André Déplaude a ainsi remplacé le traditionnel viognier blanc par un cépage local ancien, abandonné dans les années 1900 : le chouchillon, qui a l'avantage de très bien résister à la canicule. "Il se développe un peu plus tard, et puis il y aussi une résilience niveau génétique. On a un feuillage qui résiste assez bien à la canicule et à la sécheresse, qui ne grille pas trop, qui ne brûle pas trop", assure le vigneron.

Et c'est la même chose pour les vins rouges. A côté de l'omniprésente syrah, le vigneron a ressuscité le mornen noir, cépage oublié dans les années 1970, et très fort pour résister aux coups de gel du printemps, de plus en plus fréquents ces dernières années à cause du dérèglement climatique. "On s’est aperçus en 2017 que sur d’autres cépages comme le viognier ou le pinot noir, on a perdu 90 % de la récolte, alors qu’on a eu aucune perte de récolte sur le mornen noir", précise Pierre-André Déplaude. 

Aller trois fois plus vite dans les réductions des émissions 

Des cépages robustes donc, qui résistent aux aléas climatiques. Reste à savoir s’ils seront assez résistants face à des nuits tropicales qui pourront durer jusqu'à trois mois par an, ou encore des pluies intenses, comme le prévoit Météo France dans son scénario le plus noir.

Tout ceci peut encore être évité si la France se positionne sur l'un des deux scénarios les plus favorables. Pour cela, il faudrait aller trois fois plus vite dans la réduction de nos émissions de CO2. Au lieu de prendre, comme actuellement, du retard sur les engagements.