Qui était Liliane Bettencourt, la femme la plus riche du monde ?

Liliane Bettencourt était placée sous la tutelle de sa fille Françoise Bettencourt Meyers et de ses deux petits-fils depuis 2011.
Liliane Bettencourt était placée sous la tutelle de sa fille Françoise Bettencourt Meyers et de ses deux petits-fils depuis 2011. © AFP
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C.O. , modifié à
L'héritière de l'Oréal est morte dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle était à la tête d'une fortune estimée à 40 milliards de dollars.

Elle était la femme la plus riche du monde et celle qui a donné son nom à une affaire judiciaire retentissante. Dans la nuit de mercredi à jeudi, Liliane Bettencourt, héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal, est décédée. "Elle aurait eu 95 ans le 21 octobre. Ma mère est partie paisiblement", a annoncé sa fille Françoise Bettencourt Meyers dans un communiqué.

Des premiers stages à 14 ans.  Fille unique d'Eugène Schueller, fondateur de l'Oréal, Liliane Bettencourt est née le 21 octobre 1922 à Paris. Elevée dans la rigueur, chez les Dominicaines après la mort de sa mère, elle fera ses premiers stages chez l'Oréal dès l'âge de 14 ans, sans pour autant obtenir de poste à responsabilité.

Conseillée par le pouvoir. A la mort de son père en 1957, Eugène Schueller, qu'elle idolâtrait, elle devient première actionnaire du groupe. Mais c'est à son mari, André, qu'elle confie la présidence de l'empire. Liliane Bettencourt qui connaît l'entreprise comme personne agit dans l'ombre, conseillée par le pouvoir politique en place Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing d'abord, François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy plus tard. Sur les conseils de Pompidou, elle fait entrer Nestlé au capital de l'entreprise en 1974. Le président craignait une éventuelle nationalisation en cas d'arrivée de la gauche au pouvoir. Elle approuve ensuite l'entrée en Bourse de sa société. Elle poussa également son époux, décédé en 2007, à racheter la marque de cosmétique Gemey Maybelline en 1995. 

Placée sous tutelle en 2011. Affaiblie par la maladie, placée sous tutelle en 2011, elle se tenait en retrait de la scène publique depuis 2012, année au cours de laquelle elle a quitté le conseil d'administration de L'Oréal et tout rôle dirigeant au sein du groupe. Le holding familial Thétys, présidé par Françoise Bettencourt Meyers mais dont sa mère Liliane Bettencourt conservait l'usufruit, est l'actionnaire majoritaire de L'Oréal avec 33,05% des parts au 31 décembre 2016.

33 milliards d'euros. Avec l'empire l'Oréal, Liliane Bettencourt, s'est assise sur une coquette fortune. En 2017, le magazine Forbes l'évaluait à 40 milliards de dollars (33 milliards d'euros). De quoi faire d'elle la femme la plus riche du monde et la 14e fortune mondiale. "C'est tentant l'argent", affirmait-elle en 2010  sur Europe 1. "Je suis tout à fait près de mes sous et ça m'ennuie". 

L'affaire judiciaire. Mais si son nom résonne dans l'esprit des Français, c'est surtout pour une affaire judiciaire. A l'origine de ce feuilleton politico-financier hors normes, qui a secoué le quinquennat de Nicolas Sarkozy, des rivalités au sein de la famille, lesquelles éclatent au grand jour fin 2007. A cette époque, la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyers, en conflit avec sa mère, dépose plainte à l'encontre d'un ami de cette dernière, François-Marie Banier.

Au cours de l'enquête, Claire Thibout la comptable de Liliane Bettencourt de 1995 à 2008, avait accusé François-Marie Banier, un photographe proche de la milliardaire et Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de la riche héritière, d'avoir profité de la fragilité de la milliardaire pour lui soutirer de l'argent. Elle a notamment affirmé avoir remis à Patrice de Maistre 50.000 euros, somme qui aurait été destinée à Eric Woerth, à l'époque chargé de la trésorerie de campagne de Nicolas Sarkozy. Elle avait également fait état de l'emprise de François-Marie Banier sur sa patronne. A l'issue de six années de procédure, douze personnes avaient été mises en examen dans ce volet abus de faiblesse. Deux avaient bénéficié d'un non-lieu, dont Nicolas Sarkozy.