Quels objectifs pour le Service national universel ?

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Grégoire Duhourcau
Invité de Wendy Bouchard, Gabriel Attal, secrétaire d'Etat chargé notamment de la mise en place du Service national universel, a détaillé les ambitions de ce qu'il qualifie comme "une réforme d'ampleur".
LE TOUR DE LA QUESTION

Le Service national universel (SNU) devrait voir le jour en 2019. C'est en tout cas le "souhait" de Gabriel Attal, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale et chargé de la mise en place du SNU. Au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1, il confie espérer voir "une première cohorte de jeunes" appelés dès 2019. Mais cela "va aller progressivement" car l'instauration du SNU "est une réforme d'ampleur par ses objectifs mais aussi par l'organisation qu'il y a à mettre en place pour qu'elle soit réussie".

Ce n'est pas le service militaire mais voilà à quoi va ressembler le futur "service national universel" :

"Il faut que le SNU soit utile à la République et aux jeunes eux-mêmes"

Le SNU prévoit une période obligatoire d'un mois, coupée en deux fois deux semaines, aux alentours de 16 ans. Il est prévu que cela puisse déboucher sur une phase d'engagement volontaire à partir de 18 ans. "Il faut que ce Service national soit utile à la République et aux jeunes eux-mêmes", explique le secrétaire d'Etat, qui évoque une "démocratie fragile" avec "plusieurs jeunesses". Il y a d'un côté "des jeunes qui sont très engagés" et, de l'autre, "des jeunes déscolarisés, décrocheurs, qui ne croient pas en leur avenir dans la République et dans le pays". Gabriel Attal se réjouit toutefois de voir que "les jeunes ont envie de s'engager".

"Lever tous les freins qui existent à l'engagement chez les jeunes", voilà donc l'un des objectifs de la réforme. Une ambition parmi d'autres comme, "prévenir des décrochages scolaires" grâce notamment à différents tests permettant de faire "un bilan d'orientation". Par ailleurs, le SNU "peut être l'occasion d'apprendre un certain nombre de réflexes à avoir en cas de catastrophe naturelle, d'attentat, d'accident" car, "en France, nous sommes très en retard sur la maîtrise des gestes de premier secours".

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Par ailleurs, si l'une des deux quinzaines obligatoires du Service national universel se déroulera en internat, il est prévu que les jeunes agissent directement sur le terrain lors de la seconde. Cela se fera dans le cadre d'une "mission d'intérêt général auprès d'associations ou auprès de corps en uniformes" comme les "gendarmes, pompiers, policiers..." "L'objectif est de faire en sorte que cela suscite des vocations."

"On crée des colonies de vacances d'Etat", estime un ancien colonel

Michel Goya, ancien colonel et historien spécialisé dans l'histoire militaire, estime que "le projet initial" du SNU "était très ambitieux, trop ambitieux certainement" avant de finir "par accoucher d'une souris". Il pointe notamment la période d'internat dont il ne voit pas le réel apport par rapport aux établissements scolaires : "On ne voit pas très bien ce qui ne pourrait pas être enseigné directement dans un lycée ou un collège."

Selon lui, il s'agit avant tout d'un "projet éducatif" au cours duquel il n'y a "pas de service directement rendu à la nation". "Ce n'est pas un service national." Michel Goya ajoute qu'avec ce Service national universel, "on crée des colonies de vacances d'Etat". Un point sur lequel il est rejoint par Clément Armato, porte-parole de l'Union nationale inter-universitaire (UNI), qui "voulait le retour d'un service militaire" : "Le SNU, c'est la création de colonies de vacances. Ce sera une grande kermesse, une grande fête pour des jeunes pendant quinze jours."

"Une mauvaise réponse à de vraies questions", pour l'UNEF

L'Union nationale des étudiants de France (UNEF), par la voix de sa président Lilâ Le Bas, déplore quant à elle le caractère obligatoire du SNU. "Le SNU veut imposer un cadre de deux semaines ou un mois pour répondre à la problématique de l'engagement, de la mixité. On pense que c'est une mauvaise réponse à de vraies questions qui existent dans la société", juge-t-elle. Si ces différents acteurs se montrent hostiles au SNU, ce n'est pas le cas de tout le monde. A 12h jeudi, pas moins de 70% des 3.100 votants à notre sondage se disent favorables à la mise en place du Service national universel.