Procès Fiona : une dernière semaine pour faire éclater la vérité

Le procès de l'affaire Fiona doit encore durer cinq jours avant le verdict, vendredi.
Le procès de l'affaire Fiona doit encore durer cinq jours avant le verdict, vendredi. © AFP
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Margaux Lannuzel avec AFP , modifié à
Après cinq jours sans avancée majeure, le procès de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf a repris lundi, devant les assises du Puy-de-Dôme. La cause de la mort et l'emplacement du corps de la fillette restent inconnus.  

Quand la petite Fiona est-elle morte ? Que lui est-il arrivé, et où se trouve son corps ? Une semaine après le début du procès de la mère et du beau-père de la fillette, devant les assises du Puy-de-Dôme, aucune des questions centrales de cette affaire n'a encore trouvé de réponse. Inlassablement interrogés par l'accusation, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, dont les personnalités restent ambiguës, n'ont pas livré de nouveaux éléments probants pour retracer les derniers jours de la fillette, dont ils avaient avoué la mort en 2013, après avoir fait croire à sa disparition.

Réponses évasives. Dès le premier jour du procès, les accusés avaient donné le ton, reconnaissant tous deux avoir porté des coups, mais pas ceux qui ont tué la fillette. Le lendemain, la mère de Fiona évoquait un "accident" et le beau-père répétait "adorer" les enfants, assurant être incapable de lever la main sur eux. Hébétés par les médicaments, tous deux ont ensuite multiplié les réponses évasives  - "je ne peux pas vous dire", "je ne sais pas" - avant d'affirmer avoir trouvé la petite fille morte dans son lit et décidé, dans un élan de panique, d'enterrer le corps - sans se souvenir à quel endroit.

" Tout est possible, y compris la thèse de l'accident "

Mercredi, les débats tournaient à la mauvaise farce lorsqu'une médium, présentée comme un témoin décisif, affirmait être en contact avec le fantôme de Fiona, avant de faire un malaise à la barre. Deux jours plus tard, un autre témoin venait semer le trouble en affirmant avoir vu la fillette, visiblement en bonne santé, 48 heures avant le drame. Des propos fragilisant la thèse de l'accusation, pour qui l'enfant pourrait être décédée sous les coups, quelques jours plus tôt... Après cinq jours d'audience, le récit de la mort de Fiona n'a jamais été aussi flou. "Tout est possible, y compris la thèse de l'accident", commentait vendredi l'avocat de Cécile Bourgeon.

Personnalités complexes. A ces incertitudes s'ajoute la difficulté du tribunal à cerner les personnalités des accusés. Si les différents témoins ont qualifié Berkane Makhlouf de "paranoïaque", "impulsif" et "manipulateur" au début du procès, tous se sont accordés pour saluer son attitude à l'égard des enfants de son ex-compagne. L'image du beau-père, courant avec Fiona sur ses épaules "en faisant le cheval", a été unanimement dépeinte par le personnel de l'école maternelle, la gardienne d'immeuble et d'anciennes amies de Cécile Bourgeon.

Cette dernière, jusque-là présentée comme sous l'emprise de son compagnon, a semblé perdre des points lors de cette première semaine en montrant peu d'émotions, ou, au contraire, en s’agaçant ouvertement. "Si vous voulez savoir où le corps de Fiona, j'en sais rien. A votre avis, je fais un enfant pour le mettre à la poubelle ?", s'est-elle ainsi emportée vendredi.

"On n'espère vraiment plus rien". Ces journées d'audience ont également été marquées par les réactions parfois étonnantes du Président, Dominique Brault. Après avoir interrogé la médium comme n'importe quel témoin, le magistrat a interrompu les explications des accusés à plusieurs reprises à des moments cruciaux, invoquant le respect de la "chronologie" de l'affaire, relève Le Figaro. Pour un avocat des parties civiles, Me Antoine Portal, le bilan des premiers jours du procès est donc "mitigé". "Du couple Makhlouf-Bourgeon, on en attend tout, mais on n'espère vraiment plus rien", soufflait-il, vendredi, convaincu que les accusés en savent "beaucoup plus qu'ils  ne veulent le laisser croire."

Cette nouvelle semaine peut-elle encore apporter les réponses qu'attend notamment Nicolas Chafoulais, le père de Fiona, présent au premier rang depuis le début du procès ? Ce dernier est attendu à la barre, lundi après-midi, après des témoignages visant à préciser la consommation de drogue du couple Bourgeon-Makhlouf. Trois experts psychologiques seront également entendus, selon France Bleu. Mercredi, ce sont les enquêteurs qui ont recueilli la fausse déposition de disparition puis enregistré les aveux des accusés qui se présenteront devant le tribunal. S'en suivront les réquisitoires et les plaidoiries, avant le verdict, attendu vendredi.