Vote urnes élection 1:21
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Solène Leroux , modifié à
La question taraude des centaines de milliers de personnes immunodéprimées. Doivent-elles se rendre en bureau de vote, faire une procuration, ou bien tout simplement renoncer pour cette élection présidentielle ? Un débat relancé par la possibilité laissée aux personnes positives au Covid d'aller glisser leur bulletin dans l'urne.
TÉMOIGNAGE

Un réel dilemme. Quelques 300.000 personnes immunodéprimées se posent la question d'aller voter pour la présidentielle, alors que les dernières élections municipales, en pleine première vague de Covid-19 en France, avaient été critiquées en raison des risques sanitaires pour la population. La dernière annonce du gouvernement, celle de laisser les personnes positives au coronavirus aller voter, ne rassure pas les immunodéprimés.

Raymonde est atteinte d'un cancer du sein. Cette femme de 66 ans a toujours voté et pourtant, cette fois, elle ne glissera pas son bulletin dans l'urne, "par peur de l'attraper". Tout comme son compagnon, pour ne pas ramener le virus à la maison. "J'habite dans un tout petit village" bourguignon, explique-t-elle au micro d'Europe 1. "Je pense qu'ils ne vont pas nettoyer l'isoloir après chacun. Ils ne vont pas forcément dire qu'ils ont le Covid, on va être côte à côte, on va passer après eux dans l'isoloir… Je n'irai pas", assure la retraitée.

Peur de l'issue de l'élection

De son côté, Jessika, sous dialyse depuis 32 ans, coupe la poire en deux. Ce sera une procuration. Elle ne comprend pas l'annonce faite par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal fin mars. "Savoir que des gens peuvent aller aux urnes complètement positifs, alors que même que dans les mairies et pour les assesseurs, le masque ne sera pas obligatoire pour les week-ends d'élection, je trouve ça complètement honteux", s'agace cette habitante du Pas-de-Calais.

Au contraire, pour Karim, sous immunosuppresseurs depuis une greffe de rein, l'enjeu est trop important. "Avec tous ceux qui se présentent [à l'élection présidentielle], il y en a certains parmi eux qui font peur quand même", s'inquiète-t-il. "Je ne vois pas pourquoi je resterai chez moi en me disant : 'Tiens je suis immunodéprimé, je ne vais pas y aller voter.' Je mettrai le masque, je prendrai du gel, et voilà." De nombreuses précautions, à défaut de pouvoir faire une procuration. Le Mosellan de 36 ans se rendra tôt au bureau de vote pour éviter de croiser du monde.