Quatre choses à savoir sur la greffe de rein
Invité de "Sans Rendez-vous", le professeur Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, fait le point sur la greffe de rein. Fréquence, cause, mais aussi réussite... Le spécialiste explique également pourquoi cette transplantation est meilleure pour le patient que la dialyse.
C'est la transplantation la plus pratiquée en France : la greffe du rein. Souvent réduit à son rôle de filtre sanguin, cet "organe exceptionnel" contrôle également la pression artérielle, explique le professeur Gilbert Deray. Invité de "Sans Rendez-vous", le chef du service de néphrologie à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, auteur de plusieurs ouvrages dont Les pouvoirs extraordinaires du rein, fait un point sur la greffe de cet organe qui "l'accompagne au quotidien depuis 30 ans".
C'est la greffe la plus pratiquée chaque année
D'après Gilbert Deray, on pratique chaque année en France quelque 3.500 greffes du rein, ce qui en fait la transplantation la plus fréquente. La greffe du rein devance ainsi celle du foie (entre 1.300 et 1.500 interventions annuelles) et celle du cœur, avec environ 500 interventions. Près de la moitié des greffes de rein sont déclenchées à cause d'un diabète, cette maladie "est donc en passe de devenir la principale cause" de cette lourde intervention. Le résultat de "notre mode de vie", selon Gilbert Deray. "C'est la folie de notre société."
La greffe a plus de chances de mieux se passer avec un donneur vivant
Prélever un rein sur un donneur vivant, et non un mort, est la "meilleure option" pour une greffe, explique au micro d'Europe 1 ce spécialiste. En France, cette pratique concerne entre 10% et 12% des greffes rénales. Un pourcentage faible au regard d'autres pays comme la Norvège, où 40% à 50% des greffons sont prélevés sur des donneurs vivants. C'est loin d'être anodin, puisque "c'est à peu près la seule façon d'augmenter le nombre de transplantations". Et il y en a besoin, puisque l'on compte environ 15.000 Français dans l'attente d'une greffe de rein.
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Le professeur Gilbert Deray en profite d'ailleurs pour rappeler qu'une personne ayant fait don d'un rein peut "vivre normalement". "Le prélèvement est fait après un bilan de santé très complet, le moindre problème détecté devient une contre-indication." Et de marteler : "on ne met jamais un donneur en danger."
La greffe permet d'avoir une meilleure qualité de vie que la dialyse
Pendant l'année 2020, le nombre de greffes pratiquées en France a chuté de 25%, et 29% pour le rein. Une baisse qui s'explique par la crise sanitaire du coronavirus, mais aussi parce que la dialyse peut constituer dans certains cas une alternative à la greffe. Reste que cette dernière "allonge et améliore nettement la qualité de vie", pointe le chef de service.
"On ne s'en rend pas compte, mais le rein donne la liberté métabolique : il élimine ce que vous buvez et mangez. Or, quand on est sous dialyse, on n'urine plus et on est obligés de se restreindre." La greffe comporte donc des avantages énormes par rapport à la dialyse.
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On greffe le nouveau rein au niveau de l'appendice
Contrairement à une greffe de cœur, voire de foie, une greffe de rein ne consiste pas à extraire un organe défectueux pour le remplacer par un autre. "On laisse le ou les reins malades", confirme Gilbert Deray. De plus, le nouvel organe n'est pas greffé en bas du dos, mais "souvent là où se situe l'appendice. "C'est plus simple à mettre en place et ça fonctionne aussi bien" explique le spécialiste qui précise par ailleurs que le ou les organes malades ne sont en aucun cas une gêne, même s'ils restent dans le corps.