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Elise Denjean, édité par Guilhem Dedoyard
En cette Journée internationale des droits des femmes, Europe 1 s'interroge sur les grandes entreprises dirigées par ces dernières. En France, les dirigeantes restent très peu nombreuses, alors qu'elles sont bien plus performantes, selon une étude de Women Equity Partners. Un phénomène qui s'explique par leurs qualités de direction ainsi que par les difficultés qu'elles doivent traverser pour obtenir ces postes. 

Parmi les 120 plus grandes entreprises françaises cotées en Bourse, seules trois ont à leur tête une femme PDG. Pourtant, les entreprises dirigées par des femmes sont plus compétitives que celles des hommes. A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, Europe 1 revient, sur ce constat que dresse depuis dix ans la société d’investissement Women Equity Partners. Selon sa dernière étude portant sur plus de 40.000 entreprises de taille moyenne,  celles dirigées par les femmes sont plus rentables de 32 %. Et ce phénomène ne s'explique pas seulement par un meilleur management ou une meilleure gestion de l'entreprise. La difficulté pour les femmes d'atteindre ces postes favorise aussi des meilleurs résultats pour celles qui y parviennent.  

Des femmes aux "profils plus particulièrement dotés"

En effet, comme l’explique Dunya Bouhacene, présidente de Women Equity Partners, "on considère aujourd’hui qu’il n’est toujours pas complètement évident pour une femme de se projeter aux plus hautes fonctions car il y a peu de modèles et que pas grand-chose dans son environnement ne l’y encourage". Ce constat, indubitable dans les chiffres, a une incidence double sur le leadership féminin. "La minorité des femmes à la tête des entreprises fait que celles qui s’y projettent et y parviennent ont des profils plus particulièrement dotés", développe Dunya Bouhacene. De plus, "la contrainte joue favorablement de ce point de vue-là. Face à un environnement adverse, vous avez des individus qui se projettent de façon structurée et déconstruisent les règles du jeu pour pouvoir se faire une place et ça crée des cheffes d’entreprise qui sont remarquables."

Aurélie Gaudillère est de celles-ci, mais elle ressent parfois le besoin de réaffirmer sa légitimité face à cet environnement qui lui est trop souvent hostile. À 42 ans, la cofondatrice d'Enerlis, une entreprise de services en efficacité énergétique, gère pourtant plus de 150 salariés. En six ans d’existence, son entreprise a atteint un chiffre d’affaires de plus de 80 millions d’euros et, malgré tout, certains la contestent. “Parfois, il faut montrer un peu plus de caractère ou montrer pourquoi c’est vous la présidente”, reconnait-elle.

Un critère d'attractivité

Si certains salariés sont dubitatifs, d'autres sont acquis à leur patronne. Laura, la directrice du développement commercial de l’entreprise, par exemple, ressent la différence d'être dirigée par une femme. "Dans le quotidien, ce n’est pas flagrant mais si je peux faire un parallèle avec d'autres expériences que j’ai eu dans des structures dirigées par des hommes, je trouve que le management féminin est beaucoup plus sur les résultats, la performance, les compétences, de manière juste", assure-t-elle.

Et avoir une PDG peut même devenir un critère d’attractivité à l'extérieur selon Joanna, DRH d’Enerlis. "Je fais beaucoup d’entretiens de recrutement et quand je demande aux candidates pourquoi elles veulent nous rejoindre, elles sont de plus en plus nombreuses à être sensibles au fait que l’entreprise soit dirigée par une femme", explique-t-elle.