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Maud Descamps, édité par Laetitia Drevet , modifié à
Depuis début février, plus une seule femme ne siège à la tête d'une entreprise du CAC 40. Dans les 120 plus grandes entreprises françaises, les patronnes ne sont qu'une dizaine. Europe 1 a enquêté sur les raisons de cette grande absence et sur les politiques d'entreprises actuellement à l'oeuvre pour la combler. 
ENQUÊTE

Depuis qu'Isabelle Kocher a été débarquée début février de son poste de directrice générale chez Engie, il n'y a plus aucune femme à la tête d'une entreprise du CAC 40. Et ce n'est pas beaucoup mieux dans le SBF 120, qui regroupe les 120 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse : les femmes dirigeantes sont à peine une dizaine. Pourquoi ? Europe 1 a enquêté.

Le fameux proverbe "qui se ressemble s’assemble" s’applique bien aux grandes entreprises françaises, explique une DRH à Europe 1. Elles sont majoritairement dirigées par des hommes qui, en période de recrutement, se tournent le plus souvent vers leurs semblables. Autre blocage d'importance, moins d'un membre sur cinq des comités exécutifs, véritables antichambres du pouvoir, sont des femmes. Et celles qui y parviennent sont souvent cantonnées à des missions annexes comme la communication, les ressources humaines ou les responsabilités sociétales de l'entreprise.

Des quotas de plus en plus ambitieux

Pour ouvrir ces cercles de pouvoir aux femmes, des quotas ont déjà été mis en place, notamment dans les conseils d’administration. Ayant prouvé leur efficacité, un projet de loi visant à les introduire dans les fameux comités exécutifs devrait voir le jour au printemps. Reste à convaincre les patrons, souvent réticents à accepter des quotas ambitieux.

Autre solution pour accélérer le recrutement des femmes, le "mentoring". C'est ce que fait Anne-Sophie Pawlak, présidente de l'association Elles Bougent. "Il s’agit d’hommes et de femmes qui vont 'mentorer' les plus jeunes pour leur donner les codes, et les aider à évoluer plus vite. De plus en plus de femmes montent les échelons grâce à ces conseils parce qu'elles ont pris de l'assurance", explique-t-elle.

Un impact sur la performance des entreprises

Et les entreprises semblent y gagner. D’après Michel Ferrary, chercheur à l'université de Genève, celles où les femmes sont mieux représentées dans les instances dirigeantes sont aussi plus performantes. "Si vous avez investi dans le CAC 40 entre 2007 et 2019 votre portefeuille a perdu 17%. Si vous avez investi dans les 10 entreprises du CAC 60 qui ont le plus de femmes dans leur encadrement, votre portefeuille sur la même période a gagné 134%", compare-t-il.

Cela s'explique en partie par le fait que les femmes qui arrivent à ces postes importants de direction sont rares. La sélection drastique ne retient donc que les meilleures candidates. Le vivier étant beaucoup plus large chez les hommes, les excellents profils côtoient aussi des moins bons.