Le 8 octobre 2016, une vingtaine de jeunes avaient attaqué aux cocktails Molotov deux voitures de police stationnées à proximité du quartier de la Grande Borne (archives). 2:54
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Justine Hagard avec AFP
Le verdict dans le procès en appel de la violente agression de policiers en 2016 à Viry-Châtillon, en Essonne, a suscité ce dimanche l'indignation de plusieurs syndicats policiers. Dans cette affaire, cinq jeunes ont été condamnés à des peines de prison allant de 6 à 18 ans, et huit autres ont été acquittés. Un verdict moins sévère qu'en première instance.

"Dissocier des individus qui ont agi en commando, c'est inexplicable et inqualifiable", selon Claude Carillo, secrétaire départemental du syndicat Alliance dans l'Essonne. Il dit ressentir "colère et incompréhension" après le verdict dans le procès en appel de la violente agression de policiers à Viry-Châtillon en 2016. Dans la nuit de samedi à dimanche, la cour d'assises des mineurs de Paris a condamné cinq jeunes à des peines allant de 6 à 18 ans de réclusion et acquitté les huit autres. Un verdict moins sévère qu'en première instance. Les accusés encouraient la réclusion criminelle à perpétuité.

Lors du premier procès, huit accusés avaient été reconnus coupables et condamnés à des peines allant de 10 à 20 ans de prison. Cinq autres avaient été acquittés. Les 13 jeunes, âgés de 16 à 21 ans au moment des faits, étaient accusés d'avoir fait partie de la vingtaine de personnes encagoulées qui, le 8 octobre 2016, avaient attaqué aux cocktails Molotov deux voitures de police stationnées à proximité du quartier sensible de la Grande Borne. Deux policiers, un homme et une femme, avaient été gravement brûlés. L'un d'eux, adjoint de sécurité, avait été plongé plusieurs semaines dans le coma et porte, plus de quatre ans après les faits, encore les marques de l'agression sur son visage.

""Le message envoyé, c'est un permis de tuer des policiers"

"Avec les mêmes preuves, on se retrouve avec moins de coupables et des peines moins lourdes qu'en première instance", a réagi Grégory Joron, secrétaire général délégué d'Unité, auprès de l'AFP. "Aujourd'hui, je pense à mes collègues victimes, laissés à leur sort, qui ne doivent pas se sentir réparés à la hauteur du préjudice qu'ils ont subi", a poursuivi Grégory Joron. "Nos enquêteurs ont travaillé de manière très minutieuse et leur enquête est remise en cause aujourd'hui", s'indigne quant à lui Claude Carillo. 

"Le message qui est envoyé, c'est un permis de tuer des policiers et ça on ne peut pas l'accepter", a-t-il ajouté, déplorant les violences que les forces de l'ordre subiraient au quotidien dans l'exercice de leurs fonctions selon lui. "Ce qu'il s'est passé au délibéré montre bien ce qu'il se passe sur le terrain, il n'y a plus aucune gêne", a précisé Claude Carillo, faisant référence à la bagarre générale qui a éclaté lors de la lecture du verdict et qui a nécessité l'intervention d'une trentaine de policiers et gendarmes. 

Après cette décision "écœurante et inquiétante qui va laisser des traces, les violences, les jets de cocktails Molotov, les tirs de mortiers vont continuer, rien ne va changer", a pour sa part regretté Guillaume Roux, secrétaire départemental de l'Essonne du syndicat Unité SGP Police-FO. Le syndicat Alliance a appelé à des rassemblements ce mardi à 12h30 devant le palais de justice de Paris, sur l'île de la Cité, ainsi que devant tous les tribunaux judiciaires de métropole et d'outremer.