Gilles Kepel estime que la trajectoire de l'assaillant de Rambouillet illustre le "djihadisme d'atmosphère". 0:42
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Jonathan Grelier , modifié à
Vendredi, un Tunisien de 36 ans a poignardé à mort une policière de 49 ans à Rambouillet. Invité samedi soir sur Europe 1, le politologue Gilles Kepel a estimé que la trajectoire de cet assaillant renvoyait à un "djihadisme d’atmosphère" qui proviendrait d'un "certain nombre de réflexes" inculqués par la propagande de l'État islamique.
INTERVIEW

Abattu après avoir tué une policière vendredi, l'assaillant du commissariat de Rambouillet, un Tunisien de 36 ans, n'était pas connu des services de renseignement. Politologue spécialiste de l'islam, Gilles Kepel affirme avoir pu consulter son profil Facebook vendredi en fin de journée. Invité samedi soir sur Europe 1, il indique que "rien" de ce qui avait été posté sur celui-ci "ne pouvait être interdit". Pour le professeur à l’ENS, la trajectoire du tueur peut s'expliquer par un "certain nombre de réflexes" inculqués par la propagande de l'Etat islamique à l'époque, ces réflexes participant au maintien d'un "djihadisme d’atmosphère".

"Des individus qui n'appartiennent à aucune organisation"

Le politologue rappelle que dès 2005, un idéologue de Daech encourageait les attaques en Europe notamment contre des policiers à défaut de pouvoir atteindre "des cibles trop bien protégées". "Il en est resté un certain nombre de réflexes chez des esprits faibles, notamment chez ceux qui participent à que j’ai appelé le djihadisme d’atmosphère", décrypte Gilles Kepel. "C’est-à-dire des individus qui - et ça semble bien être le cas pour l’instant du tueur de Rambouillet - n’appartiennent à aucune organisation, ni Al-Qaïda, ni Daech, ni autre. Il n’y pas de donneur d’ordre."

"L’individu est mis en condition par les sites web qu’il fréquente, son fil Facebook et/ou éventuellement par un lieu de culte radicalisé", poursuit le spécialiste. Gilles Kepel raconte toutefois que le profil Facebook de l'assaillant ne donnait plus d'informations les quelques jours précédant les faits. C'est dans ces derniers instants que des zones d'ombres subsistent, reconnaît le politologue. Celles-ci cachent pourtant probablement pourquoi ce type d'individu "va passer à l’acte", conclut-il.