Union, Reims 1:41
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Romane Hocquet, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Une semaine après la très violente agression de Christian Lantenois, ce photo-journaliste attaqué à Reims samedi dernier pour avoir couvert les préparatifs d'une rixe, l'émotion est palpable dans la rédaction du quotidien de presse régional L'Union, où travaillait l'homme de 65 ans. Mais malgré la tristesse et la préoccupation, ils continuent d'informer. 
REPORTAGE

"C'est un cauchemar pour tout le monde." Une semaine après la très violente agression de Christian Lantenois, photo-journaliste pour le quotidien régional L'Union, à Reims, la rédaction du journal est encore sous le choc. Mathieu, collègue de Christian Lantenois depuis 10 ans, doit écrire une double page sur l'attaque qu'a subie son ami. Depuis une semaine, il vit un véritable "cauchemar éveillé". "C'est donc notre vie que l'on peut risquer sur un reportage à dix minutes de voiture..." souffle-t-il au micro d'Europe 1. "Reims, ce n'est quand même pas Mexico."

 

"Je sais très bien qu'il ne reviendra plus au journal, c'est clair et net"

Et pourtant, samedi dernier, le photo-journaliste de 65 ans est sauvagement attaqué par 13 individus dans sa voiture de fonction, floquée au logo du journal, alors qu'il couvre les préparatifs d'une rixe dans le quartier populaire de Croix Rouge de Reims. Depuis, sur tous les murs de la salle de rédaction, on peut voir un dessin : une Marianne au chevet du photographe, "un nounours parfois ronchon" selon un collègue. 

Derrière l'émotion palpable de toute une rédaction, les visages se figent lorsque l'état de santé de Christian Lantenois est évoqué. Aurélien, un ami du photographe préfère s'isoler pour répondre. "Ça va être très compliqué, et je sais très bien qu'il ne reviendra plus au journal, c'est clair et net. Je ne le reverrai plus...", lâche-t-il avec un trémolo dans la voix. "Nous sommes des journalistes de PQR [presse quotidienne régionale, ndlr], on arrive les premiers sur place et on est conscient que ça peut mal tourner puisqu'on a du matériel avec nous." Vendredi, Christian Lantenois restait toujours dans "un état très préoccupant", déclarait de son côté à l'AFP la rédactrice en chef du quotidien régional, Géraldine Baehr-Pastor. 

"On continue à faire notre métier"

Alors pour limiter les risques d'agression, Corinne, journaliste en charge des faits divers, propose de mettre en place plus d'intermédiaires dans les quartiers, mais aussi plus de voitures banalisées. L'idée est "surtout de ne peut-être pas être vraiment identifiée", confie celle qui indique être beaucoup plus vigilante depuis une semaine. Pour l'aider à passer inaperçu, elle pense à mettre "une casquette ou un bonnet". Et si elle ne cache pas penser sur le terrain à l'agression subie par son collègue, elle l'assure : "on continue à faire notre métier."

Une mission qui est d'ailleurs inscrite en lettres capitales sur la façade du journal : "Liberté d'agir, liberté d'informer".