Etudiant révisions 1:22
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Avec le déconfinement, des centaines de milliers d'étudiants sont à la recherche d'un stage de fin d'année. Mais en raison de l'épidémie de coronavirus, les offres sont plus rares que d'habitude. Et avec leur année voire leur diplôme en jeu, certains commencent à paniquer.

Fin d'année difficile pour des dizaines de milliers d'étudiants. Pour valider une année ou un diplôme, ils sont nombreux à chercher des stages en entreprise. Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, la moitié des 500.000 stages effectués chaque année ont dû être reportés ou annulés à cause de l'épidémie de coronavirus. Et le déconfinement ne fait pas de miracle : pour des raisons sanitaires ou économiques, les offres sont toujours rares. Le gouvernement a prévu des mesures pour accompagner les étudiants mais elles ne concernent pas tout le monde.

Cherche stage en urgence

Cette galère, Eva pensait ne pas la connaître. Étudiante en dernière année de BTS Graphisme à Chaumont, en Haute-Marne, elle a appris lors du confinement que le stage obligatoire de six semaines qui doit lui permettre de valider son diplôme était annulé car impossible à programmer, et son année clôturée au passage. "J'étais paniquée forcément. Alors quand j'ai su que je pourrais valider sans stage, j'étais rassurée", explique Eva.

Mais c'était sans compter un revirement de dernière minute du rectorat. Mercredi, Eva a reçu un mail indiquant qu'elle devait finalement effectuer un stage pour valider son année. "Je me retrouve à devoir trouver un stage en cinq jours ! Hier tout allait bien, aujourd'hui c'est le désastre. Ils jouent avec notre avenir !", déplore l'étudiante en graphisme. "Même notre professeure ne comprend pas cette décision. Mais elle est comme nous, elle ne peut rien faire."

Peu d'offres et beaucoup de contraintes

Eva se cherche donc un stage dans l'urgence, alors que beaucoup d'entreprises sont encore en télétravail. "J'appelle partout mais je n'ai que des réponses négatives. Soit parce que les entreprises sont fermées, soit parce que c'est trop risqué à cause du Covid, soit parce que c'est au-delà de la limite des 100 kilomètres… Si je ne trouve pas, je me retrouve sans rien", se désespère-t-elle.

Même constat pour Guillaume, étudiant en journalisme à Toulouse. "J'étais en stage au moment du confinement, je n'ai pas pu le finir. Résultat, il me manque deux semaines pour terminer mon année", explique le jeune homme. "Je cherche activement et mon école me rassure en me disant que je pourrai le reporter l'an prochain si je ne trouve pas dans l'immédiat. Mais les entreprises ne jouent pas le jeu", regrette-t-il.

Un cadre assoupli

C'est bien le problème : les stages sont rares en ce moment. "Dans les écoles de commerce, d'ingénieur et d'architecture, le nombre d'offres a été divisé par deux, voire par quatre dans certains secteurs, par rapport à l'an dernier", estime Frank Bournois, directeur général de l’ESCP Europe et président de la commission formation de la Conférence des grandes écoles (CGE). "Il faut que les entreprises maintiennent le plus de stages possible, c'est dans leur intérêt. Le taux de conversion vers l'emploi est de 30%. Les stagiaires d'aujourd'hui sont les collaborateurs de demain !" 

Pour aider les étudiants, le ministère de l'Enseignement supérieur a procédé à quelques assouplissements. Ils sont ainsi autorisés à réaliser des stages en télétravail, quand c'est possible. Une adaptation que Guillaume refuse toutefois d'expérimenter. "On m'a proposé de poursuivre mon stage en télétravail. Mais pour moi, cela doit se faire en entreprise, sur le terrain, au contact des métiers de l'entreprise pour apprendre. Pas derrière un ordinateur en visioconférence", assure l'étudiant en journalisme.

En ce qui concerne les stages entamés avant la crise sanitaire ou prévu pendant les deux mois de confinement, une annulation ne pourra pas remettre en cause la validation d'un diplôme. La situation est plus compliquée pour ceux qui doivent commencer dans les prochaines semaines, comme c'est le cas d'Eva : ils doivent être maintenus dans la mesure du possible. Avec, là aussi quand même quelques ajustements : les délais ont été allongés jusqu'au 31 décembre. Mais cette possibilité n'est pas imposée : la décision revient à chaque rectorat.