«On va tous perdre notre emploi» : l’usine Mahle de Moselle met la clé sous la porte
Encore une fermeture annoncée d’usine dans le secteur automobile. L’équipementier allemand Malhe arrêtera l’activité de son site d’Hambach (Moselle), qui emploi 186 personnes, d’ici fin 2026. Symptôme d’un secteur d’activité en grande difficulté.
Le secteur automobile est en crise en France et en Europe. Les plans sociaux et les fermetures temporaires ou définitives d’usines se multiplient. Baisse de la demande mondiale, augmentation des coûts, concurrence de plus en plus redoutable… Dernier exemple en date en Moselle : l’équipementier automobile allemand Malhe a présenté un plan de fermeture d’ici l’année prochaine de son usine d’Hambach. Le site, qui fabrique des condenseurs et des refroidisseurs de batteries est installé en Moselle depuis 31 ans. Il emploie 186 personnes, déjà résignées, qui vont donc se retrouver sur le carreau.
"Vu l’état actuel du marché de l’emploi, on s’inquiète"
"On s’y attendait mais pas aussi vite que cela", soupire Santo qui travaille dans l’usine Malhe d’Hambach (Moselle) depuis 26 ans. Même si l’annonce de la fermeture d’ici 2026 de son usine n’a pas fondamentalement surpris cet ingénieur, le choc est tout de même rude. "On va tous perdre notre emploi, on a tous grandi ici", résume-t-il. "Et vu l’état actuel du marché de l’emploi, on s’inquiète", poursuit-il, expliquant qu’il a déjà mis son CV en ligne dans l’espoir de retrouver un poste rapidement.
Une main d’œuvre trois fois moins cher à l’étranger
Dans un communiqué, la direction du groupe Malhe explique que l’usine est confrontée "à des difficultés économiques et des pertes récurrentes dans un environnement de marché de plus en plus difficile", notamment à cause d’une concurrence étrangère redoutable. "Ce matin, [la direction] nous a présenté un tableau : le coût d’un salarié polonais est de 12,50€ de l’heure alors que celui d’un salarié français, est de 40,80€. Donc voilà… Vous avez tout compris", confirme d’un air navré Manuel Mensch, délégué syndical CFE-CGC.
L’usine d’Hambach fabrique des condenseurs et des refroidisseurs de batterie de voitures, des pièces vendues "3 euros moins cher" dans les pays d’Europe de l’Est, précise-t-il encore.
"On ne sera pas les derniers"
Les salariés de Mahle ont bien conscience des difficultés que traverse le secteur automobile. "C’est une crise, tout le monde le sait. On est obligés de faire avec et on ne sera pas les derniers", assure Manuel Mensch. "On se demande si en France, dans un futur proche, il y aura encore de la production", s’inquiète Roberto Fedozzi, délégué syndicale Force Ouvrière.
Et pourtant, "maintenir de la production en France, c’est important" martèle Geoffrey Roche, délégué CGT. "Ici, en Moselle Est, il y a pleins de PSE (NDLR : Plans de sauvegarde de l’Emploi) en cours : NovAsco (à Hagondange), Ascometal (à Florange)… Les donneurs d’ordre comme PSA, Stellantis, Renault, ont leur part de responsabilité là dedans", pointe-t-il du doigt. "Quand l’Etat leur a donné des milliards pour les aider durant le Covid et la crise des composants, qu’ont-ils fait avec ?", s’interroge le syndicaliste. "Ils ont fermé des usines en France et nous derrière, les fournisseurs, on va suivre avec"
Les trois délégués syndicaux espèrent sans grande conviction qu’un repreneur s’intéressera à leur usine d’ici la fin annoncée de l’activité à l’été 2026. Ou au moins que la plupart des 186 salariés retrouveront un emploi dans la région.