Mort de Jean Pormanove : pourquoi les internautes regardaient ce spectacle de violence décomplexée ?
Raphaël Graven, connu en ligne sous les pseudos "Jean Pormanove" ou simplement "JP", est mort ce lundi, dans son sommeil, en direct sur la plateforme Kick. L'homme de 46 ans s'était fait connaître via des vidéos le montrant en train de se faire humilier par certains de ses partenaires. Mais pourquoi certains regardaient ce spectacle où la violence était décomplexée ?
Il était connu sur internet sous le pseudonyme de "Jean Pormanove". Raphaël Graven, streamer de 46 ans, est mort ce lundi dans son sommeil alors qu'il était en direct sur la plateforme Kick. Il était victime de nombreux sévices de la part de certains de ses partenaires.
"Il y a un mécanisme là-dedans de déshumanisation"
Valentin, 22 ans, fait partie des milliers de personnes qui regardaient les directs dans lesquels "JP", le streamer décédé, apparaissait : "Au tout début, c'était pour son personnage. Ses réactions étaient souvent imprévisibles et drôles". Mais très vite, les violences à l'encontre du streamer se multiplient. Pourtant le jeune homme continue de regarder ces vidéos.
"Les combats, quand ils se frappaient, les jeux de claques. Ça allait jusqu'à l'humilier. J'étais bien conscient, j'étais là, chaque soir devant les lives". Valentin estime que les internautes ont une part de responsabilité dans les sévices subis par le streamer, en regardant, voire en encourageant les sévices.
Jean-Paul Santoro, psychologue clinicien spécialisé dans les usages numériques, l'explique notamment par une forme de voyeurisme : "Ça choque, mais ça attire en même temps. Il y a l'idée d'assister à quelque chose qui est interdit et éventuellement avec une certaine distanciation. Il y a un mécanisme là-dedans de déshumanisation. C'est-à-dire que la personne de l'autre côté de l'écran n'est plus perçue comme un humain mais comme un objet. On regarde le corps souffrir comme on regarderait finalement une fiction".
Une distinction réalité-fiction difficile à faire pour la jeune génération notamment. D'où l'intérêt, selon le psychologue, de renforcer l'éducation aux médias dès le plus jeune âge.