«Les réseaux sociaux sont une catastrophe pour les liens sociaux», soutient le psychiatre Serge Tisseron, en faveur d’une interdiction pour les moins de 13 ans
Alors que le président de la République a exprimé sa volonté d'interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de 15 ans, le projet de loi se heurte au refus de l'Europe. Pour le psychiatre Serge Tisseron, auteur du livre "Faut-il interdire les réseaux sociaux aux jeunes ?", c'est tout un modèle de société qui doit être changé pour repenser les interactions.
Le débat sur l'interdiction des réseaux sociaux chez les jeunes se pose de plus en plus naturellement. Conscient de cette problématique de la santé mentale et de l'interaction sociale, Emmanuel Macron souhaite bannir les plateformes comme Facebook, Instagram ou TikTok aux mineurs de moins de 15 ans. Problème, la législation européenne l'en empêche.
Des échanges "dévalorisés au profit de la publicité"
Dès lors, comment responsabiliser les parents et leurs enfants à ce sujet majeur, lorsque les 16-19 ans passent aujourd'hui plus de 5 heures par jour devant un écran ? C'est l'enjeu de l'ouvrage "Faut-il interdire les réseaux sociaux chez les jeunes", co-écrit par le psychiatre Serge Tisseron, invité de l'émission Culture Médias ce jeudi 2 octobre.
"Les réseaux sociaux, c'est une catastrophe pour les liens sociaux. Cela fait croire qu'on a des contacts alors qu'il y a beaucoup de robots. Les échanges personnels sont dévalorisés par les plateformes au profit de l'information et surtout de la publicité. On va sur le réseau social pour communiquer et on se retrouve pris dans une machine qui est assimilable à de véritables sables mouvants dans lesquels on s'englue", a-t-il détaillé.
L'expert appelle ainsi à refaçonner les interactions sociales en faveur de la jeunesse et du réel. "Le problème, c'est de permettre que les jeunes aient des contacts en présence physique, des contacts structurants, libres mais accompagnés. Tout cela nécessite de repenser la politique de la ville et pas seulement une loi isolée qui (...) risquerait d'être contreproductive", a-t-il ajouté.