Les recherches pour identifier les restes supposés de Montaigne ont pris fin «sans certitude absolue»

Cénotaphe de Montaigne
Le cénotaphe de Montaigne. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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avec AFP // Crédit photo : MEHDI FEDOUACH / AFP
Après trois ans d'investigations, les scientifiques ne peuvent pas confirmer à 100% que les ossements retrouvés en 2018 dans le musée d'Aquitaine sont bien ceux de Michel de Montaigne. La dépouille du philosophe et ancien maire de Bordeaux au 16e siècle avait été transférée dans un caveau après l'incendie de son premier lieu de sépulture en 1870, avant de tomber dans l'oubli.

Les recherches pour identifier les ossements supposés de Montaigne retrouvés dans les réserves du Musée d'Aquitaine à Bordeaux ont pris fin mais "sans certitude absolue", a indiqué vendredi à l'AFP l'archéoanthropologue Hélène Réveillas. Après plus de trois ans d'investigations qu'elle a pilotées, elle valide à "80%" l'hypothèse que la dépouille soit bien celle de l'ancien maire de Bordeaux, mort le 13 septembre 1592 à 59 ans, dans le château familial de Saint-Michel-de-Montaigne, en Dordogne.

Son caveau tombé dans l'oubli

À la demande de sa veuve, la dépouille du philosophe est transférée au couvent des Feuillants à Bordeaux en 1593. Il y repose jusqu'au 19e siècle mais en 1870, le couvent brûle et les dépouilles ensevelies sont transférées dans un cimetière bordelais, raconte Hélène Réveillas. Le couvent détruit fait alors place à la faculté des Lettres où est exposé le cénotaphe du philosophe, et où est transféré le cercueil supposé de Montaigne, dans un caveau construit spécialement dans le sous-sol, puis tombé dans l'oubli.

En 2018, Laurent Védrine, le directeur du musée d'Aquitaine qui a remplacé l'ancienne faculté des Lettres, retrouve par hasard dans les réserves du musée le caveau contenant un cercueil de bois portant une plaque métallique au nom de Michel de Montaigne, et abritant un sarcophage de plomb contenant des ossements. Cette découverte déclenche les investigations menées par une vingtaine d'experts de 2019 à fin 2022 pour vérifier qu'il s'agit bien de ceux de Montaigne.

L'hypothèse que ce soit ses restes ne sont valides "qu'à 80%"

"Il y a un faisceau d'indices, comme la datation des ossements, le traitement funéraire (sarcophage, embaumement) témoignant d'un certain rang social", explique Hélène Réveillas. "Et la dépouille est bien un homme âgé de plus de 30 ans. Le squelette a aussi révélé une excellente hygiène dentaire, rare pour l'époque, et une seule dent manquante, évoquées par le philosophe dans ses écrits", ajoute-t-elle. Mais "certains éléments ne sont pas assez probants", nuance Hélène Réveillas qui ne valide qu'"à 80%" l'hypothèse.

Les recherches généalogiques d'une éventuelle descendance de Montaigne pour comparer les traces d'ADN retrouvées sur la dépouille n'ont pas abouti. Pas plus que les recherches sur la couleur des cheveux ou des yeux, faute de portraits existants suffisamment "fiables", déplore l'experte. La reconstruction faciale en 3D n'est pas plus probante : "La forme des oreilles et du crâne ne concordent pas" avec le visage du gisant sur le cénotaphe, constate-t-elle. L'énigme n'est donc pas résolue, "mais les recherches ont permis d'en savoir plus sur les pratiques funéraires de l'époque", se console-t-elle.

La crypte du tombeau supposé de Montaigne sera ouverte au public, à l'occasion des Journées du patrimoine samedi et dimanche.