collège Lezay-Marnesia, Strasbourg crédit : capture d'écran Google Street View - 1280 1:27
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Arthur Helmbacher, édité par Marthe Ronteix
Pour soutenir leurs collègues assistants d'éducation, les professeurs d'un collège strasbourgeois vont leur reverser une partie de l'indemnité qu'ils touchent car leur établissement est classé REP. "C'est une question de droits", estime au micro d'Europe 1 la professeure à l'initiative de ce geste.
REPORTAGE

Les professeurs du collège Lezay-Marnesia, à Strasbourg, ont décidé de faire un geste de solidarité envers les assistants d'éducation. Ils vont leur reverser une partie de l'indemnité qu'ils touchent parce que leur collège est classé en Réseau d'éducation prioritaire (REP). Une prime de 270 euros que les "pions", eux, ne touchent pas.

"La question ne relève pas seulement de la solidarité mais de faire valoir des droits." Au cœur de ce quartier sensible de la Meinau, ils travaillent pourtant ensemble et rencontrent les mêmes élèves et les mêmes difficultés. Or les enseignants touchent une prime quand les surveillants en sont exclus. Une injustice à laquelle les professeurs tentent de remédier. "Là, on fait une avance avec l'argent qu'on leur donne", explique Céline Balasse, la professeure d'histoire-géo à l'initiative de ce versement. "Et on compte bien se faire rembourser par le ministère. On espère aussi que désormais ils touchent cette indemnité. La question ne relève pas seulement de la solidarité mais de faire valoir des droits."

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Une cagnotte en ligne. Dix-sept des bénéficiaires de cette prime (enseignant(e)s, conseillèr(e) principal(e) d'éducation, personnel administratif) se sont réunis en collectif, soit un tiers du corps enseignant. Ils ont monté une cagnotte en ligne (privée) qui avait réuni 5.000 euros lundi dernier, selon France 3 Grand Est

Pas de prime et un contrat précaire. Odillon gagne 1.200 euros par mois pour un CDD, comme tous les assistants d'éducation. Il s'est dit touché par cette initiative de ses amis profs. "On savait que cette prime existait", confie-t-il au micro d'Europe 1. "Mais la précarité du travail que nous accomplissons ici fait que nous ne pouvons pas réclamer cette prime [en faisant grève par exemple] pour peut-être se retrouver sans contrat l'année prochaine. Mais ça ne justifie pas que nous n'ayons pas cette prime puisque nous travaillons dans le même établissement. Donc cette initiative des professeurs est bienvenue. C'est une question de justice." Les enseignants ont expliqué leur démarche dans une lettre ouverte adressée au ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et au recteur.

Des surveillants bientôt enseignants. Une revendication qui apparaît d'autant plus légitime que selon le projet de loi "Pour une école de la confiance", les assistants d'éducation pourront se voir confier des fonctions d'enseignement. Objectif : "redonner de l'attractivité au métier d'enseignant". Cette mesure inquiète toutefois des syndicats et certains députés de gauche, qui craignent que les "pions" ne remplacent des profs absents.