Éducation : à quoi va ressembler cette "école de la confiance" ?

Le projet de loi "pour une école de la confiance" a pour objectif d'"élever le niveau général des élèves" et promouvoir "la justice sociale"
Le projet de loi "pour une école de la confiance" a pour objectif d'"élever le niveau général des élèves" et promouvoir "la justice sociale" © PASCAL PAVANI / AFP
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avec Virginie Salmen et AFP , modifié à
Le projet de loi baptisé "Pour une école de la confiance", porté par le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, va être étudié à l'Assemblée nationale à partir de lundi. Il comporte de nombreuses mesures comme l'abaissement de l'âge de l'instruction à trois ans ou encore la disparition des directeurs de petites écoles.

Instruction obligatoire dès trois ans, refonte de l'évaluation, rôle étoffé des surveillants, disparition des directeurs dans les petites écoles... L'Assemblée nationale examine à partir de lundi le premier grand texte sur l'école du quinquennat Macron, qui crispe les syndicats et nourrit les critiques des oppositions.

Un projet pour "enclencher un cercle vertueux de confiance". Ce projet de loi "pour une école de la confiance", porté par Jean-Michel Blanquer, entend répondre à deux enjeux : "élever le niveau général des élèves" et promouvoir "la justice sociale". Il est nécessaire "d'enclencher un cercle vertueux de confiance au sein du système éducatif, mais aussi dans la société grâce à l'école", fait valoir le ministre de l'Éducation, qui défend son premier grand texte de loi. Parmi les mesures proposées, le devoir d'exemplarité ou encore l'abaissement de l'âge d'instruction obligatoire à trois ans.

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Instruction dès trois ans. L'âge de l'instruction obligatoire sera abaissé à trois ans, contre six aujourd'hui. À la rentrée prochaine, cela ne concernera toutefois que 26.000 enfants ne fréquentant pas l'école actuellement. Car 98,9% des petits de trois à cinq ans sont déjà scolarisés, selon l'étude d'impact du ministère. Des députés de gauche et certains LREM veulent maintenir la mention actuelle, dans le Code de l'éducation, d'une instruction obligatoire pour les enfants "de tout sexe, français et étrangers".

Devoir d'exemplarité. Le projet de loi rappelle le devoir d'"exemplarité" des personnels et en retour le nécessaire "respect" des élèves et de leur famille vis-à-vis d'eux et de l'institution scolaire. Des enseignants qui y ont vu une volonté de réduire leur liberté d'expression, ce qu'a récusé le ministre de l'Éducation, affirmant qu'il ne voulait pas "toucher en quoi que ce soit au devoir de réserve".

Rôle renforcé des surveillants. Les assistants d'éducation pourront se voir confier des fonctions d'enseignement à condition de préparer les concours de recrutement, dès leur deuxième année de licence. Objectif : "redonner de l'attractivité au métier d'enseignant". Cette mesure inquiète des syndicats et certains députés de gauche, qui craignent que les "pions" ne remplacent des profs absents.

Refonte de la formation des profs. Les écoles supérieures du professorat et de l'éducation (Espé) vont devenir des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (Inspé). Le contenu des formations - volume horaire des disciplines, équilibre théorie/stages et place du concours - sera précisé ultérieurement par le ministère.

Agence de l'évaluation. Le Conseil d'évaluation de l'école va remplacer le Cnesco (Conseil d'évaluation du système scolaire), qui sera rattaché en chaire au Cnam. Le gouvernement souhaite renforcer la capacité d'évaluation du ministère à la suite de recommandations notamment de la Cour des comptes. Des syndicats ont critiqué le "manque d'indépendance" du nouvel organisme, en pointant sa composition. Sur quatorze membres, dix seront des représentants du ministre ou choisis par lui.

Nouvelles écoles internationales. Sur le modèle de l'Ecole européenne de Strasbourg, les établissements publics locaux d'enseignement international (EPLEI) accueilleront des élèves de la maternelle à la terminale, pour les préparer au baccalauréat européen ou à l'option internationale du diplôme national du brevet et du bac. 

Expérimentations pédagogiques. Les écoles publiques et privées pourront déroger au Code de l'éducation en vue d'"expérimentations pédagogiques", limitées dans le temps. Des thèmes comme l'organisation de la classe ou de l'école, l'utilisation des outils numériques voire la répartition des heures d'enseignement sur l'année sont évoqués.

Vers une disparition des directeurs de petites écoles ?

Si cet amendement était voté, les écoles primaires (soit les écoles maternelles et élémentaires) de moins de quatre classes seraient gérées, non par un directeur, mais par un adjoint rattaché au collège en charge de plusieurs écoles. L'objectif de cet amendement est de permettre aux petites écoles de profiter des avantages du collège : matériel de musique, de sport ou d'arts plastiques.

"Est-ce que vous imaginez demain un parent qui scolarise son enfant en petite section, donc en premier année de maternelle, qui devrait aller au collège s'il y a un souci. Parce qu'il n'y aura pas d'interlocuteur sur place", s'inquiète Philippe Martin, directeur d'école élémentaire en Normandie, au micro d'Europe 1.

Les parents d'élèves de la PEEP comme de la FCPE sont inquiets. "Je pense notamment à ces enfants qui ont un comportement violent ou à des enseignants qui ont des attitudes un peu 'trashes' avec certains élèves, c'est aussi ce qui nous remonte du terrain parfois. La première personne qui a le rôle de médiation avec parfois les parents, c'est précisément le directeur ou la directrice d'école", rappelle Rodrigo Arenas, président de la FCPE. Le rapprochement ne serait pas systématique, il ferait l'objet d'une décision locale. Mais si cet amendement déjà voté en commission est adopté par l'Assemblée nationale, il pourrait concerner plus de 20.000 petites écoles.