Les enseignants de Mayotte font leur rentrée dans l'incertitude après le cyclone

Les enseignants de Mayotte font leur rentrée ce lundi, cinq semaines après le passage du cyclone Chido. Le contexte de rentrée est encore difficile, avec des établissements non remis en état et au moins un encore occupé par des sinistrés. Pour les élèves, la rentrée ce fera "à partir du 27 janvier".
Cinq semaines après le passage du cyclone Chido et une semaine avant les élèves, les enseignants de Mayotte font leur rentrée lundi dans un contexte houleux, entre des établissements toujours pas remis en état et au moins un autre encore occupé par des sinistrés.
La rentrée des élèves, prévue initialement le 13 janvier et plusieurs fois décalée, aura lieu "à partir du 27 janvier", selon le ministère de l'Education.
Les modalités d'accueil des élèves seront "adaptées à chaque école"
Malgré ce report, une incertitude générale règne toujours à Mayotte, où de nombreux établissements ne sont pas encore en état d'accueillir les quelque 117.000 élèves scolarisés dans le département le plus jeune de France. Dans un communiqué, le ministère de l'Education nationale a expliqué lundi que les modalités d'accueil des élèves seraient "adaptées à chaque école".
Pour "garantir la continuité pédagogique", des "systèmes de rotation des élèves dans les classes" seront mis en place et des cours seront "diffusés sur la chaîne Mayotte-La 1ère", ajoute le communiqué. Les élèves bénéficieront de "dons de fournitures scolaires" et pourront avoir recours à "un soutien psychologique", poursuit le ministère.
Lundi matin, une petite dizaine d'enseignants se sont réunis sous la houlette de syndicats devant le rectorat de Mayotte à Mamoudzou, le chef-lieu, pour protester contre les modalités d'attribution d'une prime post-Chido et les conditions de la réouverture des écoles.
"On nous oblige à faire la rentrée sans que nous en connaissions les conditions, notamment sur l'accès à l'eau et l'électricité", a dénoncé à l'AFP Yamina Ali, enseignante en primaire à Mamoudzou, assurant que ses collègues n'avaient pas pu pénétrer dans l'établissement lundi, le portail étant non fonctionnel sans électricité.
Opération d'évacuation des sinistrés, jusqu'ici hébergés dans un lycée
Autre point de tension, le lycée Younoussa-Bamana de Mamoudzou, où sont toujours hébergés des sinistrés du cyclone. Des collectifs d'habitants avaient pénétré vendredi pour tenter de les déloger.
Lundi, une opération d'évacuation de ces sinistrés, des migrants issus de la région africaine des Grands Lacs, était en cours au lycée. L'AFP, qui n'a pas été autorisée à rentrer, a vu des centaines de personnes encadrées par les forces de l'ordre dans la cour de l'établissement.
Sollicité par l'AFP, la préfecture n'a pas communiqué de chiffres sur le sinistrés toujours hébergés en établissement scolaire.
La semaine dernière, le recteur de l'académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, a affirmé sur France Culture que 39 écoles (sur les 221 écoles "administratives", certaines se partageant les locaux) étaient en incapacité de fonctionner. Cinq établissements secondaires sur 33 ont été "significativement impactés" par le cyclone.
E. Borne à Mayotte la semaine de la probable rentrée des élèves
La rentrée le 27, "c'est l'objectif de cette semaine. On va faire le point sur le matériel pédagogique, appeler les élèves pour faire un état des lieux précis, on a vu aussi ce besoin d'accompagnement psychologique", a-t-il déclaré lundi à la cité scolaire de Bandrélé (sud-est) où il était venu assister à la rentrée, cité par Mayotte-La 1ère.
La ministre de l'Education, Elisabeth Borne, dont le déplacement sur le territoire fin décembre avec le Premier ministre François Bayrou avait été houleux, a prévu de se rendre à Mayotte la semaine du 27 janvier pour échanger avec la communauté éducative, les parents et les élèves.
Selon des enseignants interrogés par l'AFP, la question du nombre d'élèves qu'ils auront à la rentrée se pose également.
Le service de "la vie scolaire est en train de faire le point sur les enfants qui sont encore sur le territoire, beaucoup étant partis à La Réunion ou dans l'Hexagone poursuivre leur scolarité", a indiqué un professeur souhaitant rester anonyme devant le lycée des Lumières à Kaweni.