L’impossible rentrée des classes à Mayotte
À cause de la tempête tropicale Dikeledi, la rentrée administrative des professeurs, initialement prévue ce mardi matin, a été décalée à la semaine prochaine. Celle des élèves, prévue le 20, est également reportée d’une semaine.
Alors que la rentrée des classes était initialement prévue ce mardi matin à Mayotte, elle est décalée d'une semaine. Plusieurs scénarios sont à l’étude pour accueillir en priorité certaines classes à examens (troisième et terminale par exemple) dans les établissements remis en état, mais c’est encore loin d’être le cas partout. Après le passage du cyclone Chido, des centaines de salles de cours ont perdu leur toit, des pans de murs ont été arrachés et des vitres brisées.
Par ailleurs, des populations locales sinistrées, réfugiées, ou migrantes dorment encore dans certaines écoles. Quelques lieux ont d’ailleurs subi des dégradations, avec du matériel pillé et des travaux d'élèves saccagés.
“J’ai retrouvé des excréments dans une salle de classe”
Salim est directeur d’une école maternelle à Mamoudzou. Son établissement, ainsi que l’école élémentaire d’à côté, ont servi de centre d'hébergement d’urgence pour certains jeunes du quartier. "J’ai retrouvé des excréments d'une personne adulte dans une salle de classe", décrit-il. "En plus de ça, juste à côté, il y avait des travaux des élèves éparpillés sur le sol", regrette Salim. "Et ce n’était pas seulement dans une salle de classe… Donc l'acte est assez fort pour penser à d’éventuelles provocations", conclut le directeur d’école.
Début janvier, après le passage du cyclone Chido, le rectorat comptabilisait près de 450 classes endommagées à Mayotte, dont plusieurs sans toit, sans portes ou bien sans vitres, balayés par les vents. C’est sans doute davantage depuis la tempête Dikeledi.
“C'est une catastrophe sanitaire !”
Le lycée d’Estelle, enseignante d’anglais, a perdu sa salle des profs et son infirmerie, car le toit du bâtiment s’est effondré. Le réfectoire a par ailleurs été transformé en dortoir pour des sinistrés locaux et des réfugiés politiques somaliens. "Il faut absolument déblayer les monticules de débris et les montagnes d'ordures plastiques qui ont une odeur pestilentielle", alerte-t-elle. "On retrouve dans un coin des bouteilles d'eau, dans un autre des tissus, et tout ça, est entremêlé avec les débris du cyclone Chido…", décrit Estelle. "C'est une catastrophe sanitaire !”, s’exclame-t-elle inquiète".
De plus, le portail de l’établissement est resté ouvert. "Tous les gens qui ont envie de rentrer dans le lycée rentrent, c’est la cour des miracles… Ils se baladent, ils dorment, ils mangent…", confie l’enseignante, qui espère que la préfecture relogera rapidement les sans-abris.
"Pour les réfugiés politiques, qui ont un statut très particulier, il faut trouver des endroits propices car on ne peut pas demander à des gens qu'on a accueillis de déguerpir", ajoute Estelle. "Mais ce n’est pas à l’Education nationale de s’en charger."