Me Jean Tamalet est avocat au Barreau de Paris et défend notamment un rescapé du Bataclan. 1:36
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A.H.
La père de la seule victime américaine des attentats de Paris a déposé plainte en début de semaine contre les réseaux sociaux qui, selon lui, apportent un soutien matériel aux groupes djihadistes. 
INTERVIEW

"Nous savons depuis de nombreuses années que les terroristes de l’Etat islamique utilisent les réseaux sociaux pour communiquer. C’est leur vitrine". Sur Europe 1 vendredi midi, Me Jean Tamalet, avocat au Barreau de Paris, a réagi à la plainte déposée aux Etats-Unis par le père d'une des victimes du 13-novembre contre Twitter, Facebook et Youtube. 

La propagande tranquille ? Reynaldo Gonzalez, père de Nohemi, étudiante américaine de 23 ans tuée à La Belle Equipe, accuse ces géants des réseaux sociaux de permettre aux groupes djihadistes de diffuser leur idéologie et de recruter des membres. Rien que sur Twitter, 79 comptes officiels sont gérés par l'Etat islamique, générant environ 90 tweets par minute. 70.000 comptes y sont par ailleurs affiliés. Les djihadistes "n’échangent pas uniquement sur le 'darknet', en cachette. On sait que ces comptes existent et qu'ils véhiculent des messages de propagande, notamment des vidéos très courtes qui deviennent virales", précise sur Europe 1 Me Tamalet, qui défend lui-même un rescapé du Bataclan. 

Difficile en France. Au-delà du constat, y a-t-il un levier légal ou juridique pour contraindre Twitter, Facebook et Google (propriétaire de la plateforme vidéo Youtube) à supprimer ces comptes djihadistes ? Pour l'avocat au barreau de Paris, la démarche est très compliquée. "Dans le premier projet de loi renseignement, on avait évoqué un cadrage des réseaux sociaux. Mais la loi n’a pas pu aboutir car la France, à elle seule, ne pouvait pas en décider. Ça dépasse même l’Europe, c’est une mesure mondiale qu’il faudrait prendre", estime l'avocat. "En France, un fondement juridique pour fermer ces comptes est très difficile à défendre". 

Plus simple outre-Atlantique ? "Aux Etats-Unis, la problématique est un peu différente car la justice ne fonctionne pas du tout de la même manière", souligne Me Tamalet. Si Facebook, Twitter ou encore Google sont particulièrement bien bordés juridiquement sur leurs responsabilités quant aux contenus, il arrive "très souvent" que "la justice américaine transige dans ce genre de procédures". Un espoir pour Reynaldo Gonzalez.

 

 

S'inspirer d'Israël. Pour Me Jean Tamalet, "oui, c’est anormal que les réseaux sociaux portent cette communication. Mais en même temps, c’est une mine d’or pour les services de renseignement" lorsqu'ils parviennent à les analyser avant un éventuel passage à l'acte. Selon l'avocat, la France est un peu "en retard" sur ce plan et pourrait s'inspirer d'Israël "qui depuis très longtemps, travaille en amont sur les publications et la diffusion de vidéos via les réseaux sociaux".