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Mélina Facchin, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Avec les scandales révélés chez Orpea ou Korian, de moins en moins de Français ont confiance dans les Ehpad. Mais il existe d’autres solutions : la société Âges et Vie a ouvert un peu partout en France des colocations pour personnes âgées. De vraies maisons avec des espaces communs et de grandes chambres individuelles.

Après les scandales dans les Ehpad, révélés par le livre Les Fossoyeurs, beaucoup de familles souhaitent éviter les maisons de retraite, en outre souvent onéreuses. Mais quelle autre alternative est possible ? Pourquoi pas la colocation de seniors ! La société Âges et Vie a déjà construit 150 maisons dans lesquelles les pensionnaires, moins nombreux qu’en Ehpad, sont censés se sentir comme chez eux. L’une d’entre elles se trouve à Plainfaing, dans les Vosges.

"Je vis comme je vivais avant, mais je ne suis pas toute seule"

Dans cette grande maison moderne et lumineuse en bord de rivière, c’est bientôt l’heure du déjeuner. "Nicole, vous voulez mettre la table ?" propose Georgia, l’une des auxiliaires de vie de la résidence. "Bien sûr !", répond immédiatement cette dame souriante de 82 ans, qui déteste rester inactive. Elle est l’une des huit colocataires (ici, on ne parle pas de résidents !) de la maison. Avec les autres, elle décide des menus de la semaine et des activités.

Les animaux domestiques sont autorisés et elle est libre de sortir de la maison quand elle le souhaite. Tous les colocataires partagent le salon et la cuisine, mais comme Nicole, chacun a sa salle de bains et sa chambre, d’au moins 30m². "Je suis contente d’avoir pu ramener mes meubles", sourit-elle. "Je vis comme je vivais avant, mais je ne suis pas toute seule. Ça fait un peu familial, on est bien ici !", assure la vieille dame.

Les auxiliaires de vie ont plus le temps de s’occuper des colocataires

Six auxiliaires de vie se relaient pour être dans la maison en permanence, 24/24h, 7/7 jours. Georgia vit même sur place, à l’étage, avec sa famille. Elle qui a travaillé durant des années à l’hôpital a redonné ici un sens à son métier. "C’est beaucoup moins physique et on prend plus le temps avec eux", explique-t-elle en continuant de préparer le repas. "Ce ne sont pas des numéros, ce sont des personnes et c’est vrai que psychologiquement, ça me fait beaucoup de bien", raconte la jeune femme.

Et visiblement, c’est aussi bénéfique pour les colocataires. "Notre conviction, c’est qu’il y a un réel apport à vivre ici pour les personnes en perte d’autonomie", assure Julien Comparet, chargé de communication chez Âges et Vie. "Les auxiliaires de vie les encouragent à participer à la vie de la maison, à préparer les repas, à éplucher les légumes. Certains colocataires aiment plier le linge, faire du jardinage. Tout cela participe au fait qu’ils vont se sentir bien et continuer à vivre normalement le plus normalement possible", explique-t-il.

1.600 euros par mois 

"On a le sentiment que la perte d’autonomie est ralentie et c’est quelque chose qu’on aimerait prouver scientifiquement", poursuit-il. "On travaille avec le pôle de gérontologie et d’innovation du CHU de Besançon qui va mener une étude scientifique pour essayer de prouver les bienfaits de la colocation Âges et Vie." Vivre ici coûte 1.600 euros par mois, tout compris, contre 2.000 euros en moyenne dans un Ehpad. Âges et Vie a déjà ouvert 150 maisons comme celle-ci depuis bientôt 15 ans et compte tripler ce chiffre d'ici à 2025.