L'instruction à la maison va être très limitée à partir de septembre 2021 (photo d'illustration) 3:13
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Ariel Guez
Pour "lutter contre le séparatisme islamiste", Emmanuel Macron a annoncé que l'école serait obligatoire à partir de septembre 2021. Sur Europe 1, Anne Coffinier, fondatrice de la Fondation Kairos pour l'innovation éducative, déplore que soit fait un "amalgame entre les gens qui utilisent leur liberté et les gens qui sont une menace pour l'unité de la nation."
INTERVIEW

Lors de son discours sur "les séparatismes" du 2 octobre, Emmanuel Macron a annoncé que l'instruction scolaire à domicile sera, à partir de la rentrée 2021, "strictement limitée, notamment aux impératifs de santé", et qu'elle deviendra donc obligatoire au sein de l'école dès l'âge de trois ans. Ainsi, près de 50.000 enfants bénéficiant de l'instruction à domicile devront aller dans un établissement en septembre prochain. Invitée de la matinale d'Europe 1, Anne Coffinier, fondatrice de la Fondation Kairos pour l'innovation éducative, a réagi à ces annonces. "Il était nécessaire et c'est bienvenu de dire qu'on a un problème réel en France avec le séparatisme islamiste. Mais à mon sens, les mesures annoncées pour l'éducation sont à côté de la plaque !" a-t-elle déclaré.

Il est possible de démanteler les lieux d'embrigadement "sans avoir besoin d'une nouvelle loi"

Anne Coffinier rappelle que l'école à la maison est en général faite "pour des raisons pédagogiques, parfois parce qu'il y a une phobie scolaire, du harcèlement ou tout simplement parce que l'enfant fait du sport à haut niveau." "Ce n'est pas pour ces raisons-là que les gens posent problème quand ils font l'école à la maison", explique-t-elle. "Le président, dit : 'On interdit l'école à la maison'. Et en quoi ça va régler le problème des islamistes qui ont une emprise d'embrigadement sur les enfants ? Personne n'a compris !"

Pour Anne Coffinier, la solution à l'embrigadement des jeunes qui ne sont pas à l'école n'est pas d'interdire l'école à la maison, mais de "démanteler les endroits où les enfants sont rassemblés de manière clandestine et embrigadés avec un lavage de cerveau." Surtout que, rappelle-t-elle, des opérations de police ont été déjà organisées ces derniers mois "sans avoir besoin d'une nouvelle loi"

"L'essentiel des créations d'écoles hors-contrat étaient des écoles sans aucune dimension religieuse"

La fondatrice de la Fondation Kairos pour l'innovation éducative dénonce un "amalgame fait entre les gens qui utilisent leur liberté et les gens qui sont une menace pour l'unité de la nation." Car depuis plusieurs années, de plus en plus d'écoles hors contrat sont crées. "Simplement cette année, vous avez eu 129 nouvelles écoles et voyez sur les 129 nouvelles écoles hors contrat, il y en avait onze qui étaient musulmanes. Je ne dis pas islamiste, je dis juste musulmane. Et l'essentiel des créations d'écoles hors-contrat étaient des écoles sans aucune dimension religieuse." 

"Aujourd'hui, il y a un essoufflement incroyable de l'institution de l'Éducation nationale", déplore Anne Coffinier. "Les professeurs n'ont plus confiance en la capacité du ministère à les réformer. C'est pour cela qu'il faut innover à côté. C'est pour ça qu'il faut faire respirer le système. Il faut créer des structures avec des professeurs qui viennent de l'Éducation nationale ou d'ailleurs, des structures libres qui vont pouvoir donner un peu de dynamisme à l'ensemble du système", plaide-t-elle.