«Le lundi et le vendredi il n'y a personne» : jugé trop souple, le télétravail est réduit par les entreprises
Généralisé pendant le Covid puis entré dans les mœurs professionnelles et les pratiques de multiples secteurs d’activité, le télétravail présente des avantages incontestables pour les salariés, qui pour la plupart y sont très attachés. En revanche, de nombreux chefs d’entreprises longtemps très souples sur le sujet commencent à s’en mordre les doigts. Explications.
Le télétravail cristallise les tensions entre les dirigeants et leurs salariés. Après Société générale la semaine dernière, les syndicats d’Iliad, la maison mère de Free, appellent à la grève ce mardi. En cause : la volonté du groupe de télécommunications de réduire le nombre de jours de télétravail accordés aux salariés. Ces derniers passent de 8 jours de travail à distance à 6 jours par mois, avec l’interdiction de télétravailler deux jours de suite.
Un cadre trop souple pour les salariés ?
Généralisé pendant le Covid puis entré dans les mœurs professionnelles et les pratiques de multiples secteurs d’activité, le télétravail présente des avantages incontestables pour les salariés qui pour la plupart y sont très attachés. En revanche, de nombreux chefs d’entreprises longtemps très souples sur le sujet commencent à s’en mordre les doigts.
C’est le cas de Claude Tempé, vice-président du groupe Freelance.com. Après le Covid, l'entreprise a autorisé trois jours de télétravail par semaine. Mais la règle a montré ses limites : "Quand ça devient la norme, il y a des petits abus qui s’installent. 'Il faut emmener l'enfant à son cours de tennis, pendant une demi heure je ne serai pas présent ; 'Il faut que je fasse trois lessives, je ne serai pas présent mais ce n'est pas très grave... Le vendredi il n'y a personne, le lundi il n'y a personne. Et les gens ne se sentent plus attachés à la boîte", raconte Claude Tempé.
Une question de dosage
En 2023, la direction a réduit la voilure : deux jours de télétravail par semaine. Et elle a noté un regain d'efficacité. Selon plusieurs études, le télétravail augmente la productivité des salariés à condition d'être bien dosé.
Mais Claude Tempé a quelques réserves : "Cela améliore la productivité des gens consciencieux et impliqués les trois premières années. Passé cette période, il n'y a plus tellement de raisons qu'ils fassent beaucoup plus qu'au bureau. Et les gens moins consciencieux, pas impliqués, il y a beaucoup de raisons qu'ils se mettent à abuser largement plus", constate-t-il.
Problème pour les entreprises qui veulent moins de télétravail : près de la moitié des salariés seraient prêts à quitter leur poste s'ils ne peuvent plus travailler de chez eux.