Lactalis : une fromagerie du groupe suspectée de polluer l'Isère depuis vingt ans

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Jean-Luc Boujon, édité par Romain David
Deux des dirigeants de la laiterie comparaissent lundi devant le tribunal correctionnel de Grenoble, qui leur reproche de ne pas avoir relié leur usine au réseau d'assainissement des eaux usées.
REPORTAGE

Nouveaux déboires pour l'industriel Lactalis. L'Étoile du Vercors, une laiterie qui appartient au groupe déjà épinglé dans le scandale du lait contaminé aux salmonelles, est suspectée de polluer depuis des années la rivière Isère. Deux des dirigeants de cette usine de fromage, installée à Saint-Just-de-Claix, à une quarantaine de kilomètres de Valence, sont d'ailleurs attendus lundi devant le tribunal correctionnel de Grenoble. Ils sont notamment accusés de ne pas avoir respecté les arrêtés préfectoraux les obligeant à raccorder le site au réseau d'assainissement.

"Les espèces les plus sensibles disparaissent". Ces rejets polluants, le maire de Saint-Just-de-Claix, Joël O'Baton, les voit tous les jours. Il suffit de monter sur la colline, face à la laiterie, pour les voir. "Ce qui me fait le plus peur, ce sont les produits de nettoyage et de désinfection. Tout arrive dans la rivière Isère depuis vingt ans", explique-t-il à Europe 1. Une pollution silencieuse mais dont le risque est bien réel, assure Jacques Pulou, vice-président de la Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature. "C'est une pollution essentiellement organique, avec des eaux usées. Les espèces les plus sensibles à la pollution disparaissent", relève-t-il.

 

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Opacité à tous les niveaux. Pourtant, une station d'épuration a vu le jour dans le secteur. La laiterie avait promis de s'y raccorder, avant de se raviser en changeant de mains. "L'Étoile du Vercors était d'accord pour se raccorder, sauf que ça a été repris par Lacatlis. Maintenant, la fromagerie veut faire sa propre station d'épuration, en pleine zone agricole", rapporte Joël O'Baton. Le groupe laitier a notamment invoqué l'impossibilité technique de se raccorder à l'installation déjà existante. "On voit bien comment Lactalis travaille au niveau national. Ce sont des gens qui ne veulent pas que l'on sache ce qui se passe chez eux", pointe l'édile.

Résultat : la station d'épuration, dimensionnée pour accueillir l'industriel et financée par des fonds publics ne fonctionne qu'au tiers de sa capacité… et la laiterie continue de polluer.