La Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), principale organisation des agents immobiliers, a annoncé vendredi une "pause" dans la mise en place d'un fichier des locataires mauvais payeurs, un projet vivement critiqué jusqu'au gouvernement, mais assuré ne pas y renoncer. "C'est une pause", mais non "un renoncement total", a assuré la Fnaim. L'AFP avait évoqué vendredi un renoncement de la fédération sur ce projet, annoncé en janvier, à la suite d'un tweet de son président, Jean-Marc Torrollion, admettant que "les conditions techniques ne sont pas réunies pour créer un fichier des impayés locatifs".
Mais l'organisation a, par la suite, assuré que cette remarque, qui s'inscrivait dans le prolongement d'une rencontre avec la Cnil, gendarme de la protection des données, ne signifie pas que le projet est définitivement enterré. La Fnaim se dit toujours convaincue du bien-fondé du projet mais explique n'en être qu'à un stade préliminaire de réflexions et conditionner son lancement à une "étude d'impact".
Recenser les locataires en retard de paiement d'au moins trois mois
L'organisation avait indiqué en début d'année qu'elle travaillait à la création d'une telle base de données, qui aurait dû voir le jour en 2021 et aurait recensé les locataires en retard d'au moins trois mois dans le paiement de leurs loyers. Selon la Fnaim, qui explique que ce fichier ne pourrait être consulté que par les professionnels du secteur, cette base vise à instaurer de l'objectivité ainsi que de la transparence pour juger des candidats à la location, et permettrait d'instaurer une "présomption de confiance" envers ces derniers.
Néanmoins, cette annonce a suscité une forte opposition de la part d'associations de locataires et de consommateurs, qui redoutent une stigmatisation des locataires en difficulté financière. Le gouvernement, lui-même, s'était prononcé contre ce fichier par la voix du ministre du Logement, Julien Denormandie, qui a redit cette semaine son opposition à des "listes noires" après un article de Libération faisant état de la rencontre entre la Fnaim et la Cnil. "Je salue la décision de la Fnaim de surseoir à cette idée de fichier", a déclaré M. Denormandie vendredi sur Twitter, évoquant un "dialogue constructif avec son président".