La famille d'Adama Traoré réclame la "vérité", la marche de soutien empêchée

La préfecture de police de Paris a souligné que la manifestation n'avait pas été déclarée.
La préfecture de police de Paris a souligné que la manifestation n'avait pas été déclarée. © DOMINIQUE FAGET / AFP
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avec AFP , modifié à
Les proches du jeune homme mort lors de son interpellation dans le Val-d'Oise avaient appelé à un nouveau rassemblement, samedi, mais le défilé a été empêché par les forces de l'ordre.

La famille d'Adama Traoré, mort il y a onze jours lors de son interpellation, a réclamé la "vérité" samedi, au cours d'une conférence de presse, et regretté de n'avoir pu faire une marche de soutien à Paris, comme elle l'avait annoncée.

"Ce n'est pas ce qu'il faut faire pour apaiser les esprits des jeunes". Vêtus pour certains de tee-shirts sur lesquels on pouvait lire "Justice pour Adama, sans justice vous n'aurez pas la paix", entre 600 et un millier de personnes, respectivement selon la police ou les organisateurs, s'étaient rassemblées à Paris pour manifester entre la Gare du Nord et la place de la République. Encerclés par les forces de l'ordre à proximité de la gare parisienne, les manifestants n'ont finalement pu défiler. "C'est dommage", a déclaré Lassana Traoré, le frère d'Adama. "Ce n'est pas ce qu'il faut faire pour apaiser les esprits des jeunes, qui ne savent pas comment exprimer leur peine et leur frustration", a-t-il estimé.

Manifestation non déclarée. La préfecture de police de Paris "s'est opposée à un départ de cortège" pour "des raisons tenant à la protection des institutions", "à la préservation de l'ordre public" et pour assurer "la propre sécurité des manifestants", a-t-elle justifié dans un communiqué. Elle a par ailleurs souligné que la manifestation n'avait pas été déclarée.

Mort d'asphyxie. Qualifiée de "bavure" par sa famille, la mort d'Adama Traoré a entraîné plusieurs nuits de violences dans la petite ville de Beaumont-Sur-Oise (Val-d'Oise), où il avait été interpellé, et dans les communes voisines.  Au cours d'une conférence de presse en début d'après-midi, Me Noémie Saidi-Cottier, l'une des avocates représentant la famille d'Adama Traoré, a estimé qu'"aujourd'hui, à l'aune de deux autopsies il est impossible de déterminer exactement les causes du décès". "Il a d'abord été fait mention d'une crise cardiaque, finalement on parle d'infection", a argumenté l'avocate, ajoutant que "ce qui est certain c'est qu'Adama est mort d'asphyxie. Elle peut s'expliquer de différentes manières et la famille veut connaître avec certitude les causes de cette asphyxie".

Troisième autopsie refusée. Deux autopsies ont été réalisées sur le corps d'Adama Traoré, 24 ans, pour faire la lumière sur les circonstances de son décès le 19 juillet, lors de son interpellation par les gendarmes dans le Val-d'Oise. A chaque fois, les résultats ont exclu que le jeune homme ait subi des violences. Une demande de troisième autopsie, réclamée par la famille, a été rejetée par la juge d'instruction en charge de l'affaire. "Les actes demandés n'étaient pas de nature à apporter des éléments de réponse" supplémentaires sur les raisons du décès, a indiqué vendredi le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier. Les réponses attendues par la famille pourront être apportées par l'ensemble des analyses (bactériologie, toxicologie, anatomopathologie) dont les résultats sont attendus dans le courant du mois d'août.

Le résultat de l'une d'elles, l'examen anatomopathologique des prélèvements réalisés sur le cœur d'Adama Traoré, leur a été transmis. Il "met en évidence un ensemble de lésions compatibles avec une cardo-myopathie hypertrophique qui est potentiellement la cause directe de la mort", a expliqué vendredi le procureur de la République de Pontoise Yves Jannier.