Au cours des siècles, la dépouille du philosophe a fait l'objet de multiples transferts. 1:00
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Stéphane Place, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
La dépouille du philosophe et maire de Bordeaux entre 1533 et 1592, Michel de Montaigne, repose "vraisemblablement" dans un des musées de "sa" ville. Si les scientifiques le soupçonnent depuis maintenant plusieurs mois, il reste encore de nombreuses analyses à mener, notamment des "études biologiques", pour en avoir le cœur net.

C'est peut-être la dernière ligne droite d'une enquête qui traverse une partie de l'Histoire. Le philosophe Michel de Montaigne repose "vraisemblablement" bien dans un musée de Bordeaux comme on le soupçonnait depuis un an, mais de nombreuses analyses à venir devront en apporter la preuve, ont annoncé mercredi les scientifiques et la Ville.

Un moment "historique et émouvant"

"Nous sommes vraisemblablement en présence de Michel de Montaigne" (1533-1592), a affirmé lors d'une conférence de presse Laurent Védrine, directeur du musée d'Aquitaine. "Des indices archéologiques et historiques nous amènent à penser que nous sommes sur la bonne voie. Je le pense mais je n'en suis pas sûr. Il faut le vérifier", a-t-il ensuite précisé. C'est un moment "historique et émouvant", a affirmé Fabien Robert, Premier adjoint de Bordeaux dont Montaigne fut le maire de 1581 à 1585.

Un cercueil de bois sur lequel le nom de "Montaigne" est peint en grandes lettres brunes, a été extrait en début de semaine du "tombeau présumé" de l'écrivain, dans les sous-sols du musée autrefois couvent où avait été inhumé l'écrivain. Le cercueil renfermait lui-même un "contenant en plomb" dans lequel ont été détectés grâce à une caméra endoscopique, un fémur, un os du bassin et, "en position isolée", un crâne, a détaillé Hélène Réveillas, archéo-anthropologue à la Métropole de Bordeaux qui dirige les recherches.

Une dépouille transférée à de nombreuses reprises

De nombreuses analyses devront être réalisées dans les mois qui viennent par l'équipe d'une quinzaine de scientifiques en charge du dossier : analyse de la structure de pierre du tombeau, étude du cercueil en bois, d'un cylindre renfermant une bouteille déposée à côté du cercueil, de vestiges de tissus. Sans compter "des analyses ADN dont les résultats seront si possible comparés avec celui d'un ou d'une descendante actuel.

Et par chance, des descendants sont connus. Parmi eux, Frédéric : "J'ai découvert cela récemment par mon frère qui est un féru de généalogie et qui a découvert une filiation par ma grand-mère maternelle avec la famille du philosophe". Mais cette nouvelle n'a semble-t-il pas révolutionné sa vie. "Moi je serai tout juste fournisseur d'ADN dans cette histoire", glisse-t-il dans un rire. 

Cette opération de fouilles, qui se poursuit jusqu'au 22 novembre, fait suite à de premières recherches sur le sort de la dépouille de l'écrivain, objet de multiples transferts. Inhumé dans la chapelle du couvent des Feuillants, le philosophe avait ensuite été transféré au dépositoire du cimetière de la Chartreuse, à Bordeaux, avant d'être ramené en 1886 au site initial devenu entre temps la faculté des Lettres et des Sciences puis le musée d'Aquitaine.