cimetière, Tende, inondations, Sud-Est, Alpes-Maritimes 1:44
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Jean-Jacques Héry, à Tende, édité par Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Alors que le bilan humain continue de s’alourdir dans les Alpes-Maritimes, près d'une semaine après les terribles inondations qui ont frappé le département, les habitants présentent d'importants traumatismes. Entre flashbacks, insomnies ou encore ruminations, la solidarité et l'aide médicale sont plus que jamais nécessaire.
REPORTAGE

Mercredi, le président Emmanuel Macron a annoncé qu’une cinquième victime avait été retrouvée, après les terribles intempéries qui ont frappé le département des Alpes-Maritimes. Dans la vallée de la Roya, le traumatisme psychologique est grand. "Depuis vendredi, je n’ai pas dormi", lâche Sophiana, habitante de la commune de Tende. "Même mon fils de 4 ans et demi ne dort pas. Je vais l’emmener chez le psychologue."  Car il faut désormais apprendre à vivre avec les images de la catastrophe.

"Les ponts ont volé en éclat", raconte Florent. "On avait une cabane de jardin, elle a été attrapée et est passée sous le pont. Tout à filé dans la Roya. On a peur que la maison parte avec." La nuit, d’autres continuent d’entendre le bruit des hélicoptères.

"Un monsieur nous dit 'Cette tempête nous a tout pris'"

"Les gens vont se remémorer le souvenir traumatique avec des images mentales et des flashbacks qui peuvent arriver. Il y aussi des insomnies et quelques ruminations", explique le docteur Samia Lahya, médecin de la cellule médico-psychologique déployée dans la vallée, qui est confrontée à ces symptômes. "L’événement traumatique va être passé en boucle dans la tête, notamment les scénarios catastrophe."

A Saint-Dalmas-de-Tende, le cimetière et les corps qui y reposaient ont été en partie emportés par les flots. Cette situation est encore plus difficile à accepter pour les habitants : "Ce cimetière vient créer un sur-traumatisme chez cette population. Il y a un monsieur qui nous disait 'cette tempête nous a tout pris : nos maisons, nos biens, nos souvenirs... Et elle nous a même pris nos morts.' C’est une phrase qui est très parlante", assure Samia Lahya.

Pour elle, les habitants de la vallée pourront s’appuyer sur les réseaux de solidarité profondément ancrés et déjà l’œuvre. Ce soutien ne pourra qu’aider sur le chemin vers la résilience, espère-t-elle.