Espagne : un an après les inondations meurtrières à Valence, où en est-on dans la reconstruction ?
Un an après les inondations meurtrières dans la région espagnole de Valence du 29 au 30 octobre 2024, qui avaient fait 229 morts, comment la région se reconstruit-elle ? Vivement critiqué pour sa lenteur d'action, le gouvernement de Valence a-t-il accéléré son action ? Europe 1 fait le point.
Habitations détruites, rues méconnaissables, des dizaines de milliers d’habitants sinistrés, eaux stagnantes et épidémies, lignes téléphoniques rompues... Au lendemain des deux jours d’inondations destructrices du 29 au 30 octobre 2024, la région de Valence, en Espagne, avait dressé un terrible bilan humain et matériel de la catastrophe avec 229 morts.
Un an après les inondations de Valence, où en est-on dans la reconstruction ? Des actions ont-elles été prises ? Pour les habitants et sinistrés des zones inondables, de nombreux efforts sont encore à produire.
Des infrastructures publiques toujours inutilisables
Aujourd’hui, si les voitures emportées par les eaux et les tonnes de boue qui avaient bloqué les rues ont été dégagées, que les grandes routes sont accessibles et le métro rétabli, des traces de la catastrophe demeurent bien présentes.
Certaines infrastructures publiques, comme les piscines municipales, ne sont toujours pas ouvertes au public. Les ascenseurs des immeubles touchés sont pour certains toujours en panne, tandis que les écoles inondées ne peuvent toujours pas accueillir les écoliers, qui suivent les cours dans des préfabriqués.
Les rues des villes comme Paiporta ou Picanya portent toujours les stigmates de la catastrophe, où les ouvriers continuent de ravaler les façades des maisons. Mais avec l’affaissement du sol plusieurs mois après les inondations, les chantiers sont retardés.
Vicente Navarro, guide touristique de la région, témoigne au micro de RFI de la difficulté des travaux de nettoyage : l’eau qui a envahi les rues "était passée par toutes les zones industrielles" et contenait beaucoup de "déchets qui sont au fond et sont difficiles à retirer parce qu’on ne les voit pas."
Aucune mise en œuvre de plan d’urgence ou de reconstruction des zones inondables
Selon Letícia Cardona, du comité d’urgence et de reconstruction de Paiporta, mis en place après le 30 octobre 2024, "très peu de choses ont été faites depuis un an", a-t-elle confié à Reporterre.
L’association citoyenne espagnole explique par exemple que la plantation d'arbres est une solution pérenne face à ce type de situation, mais n’a toujours pas été mise en place.
"Les arbres doivent être un contrepoids aux voitures. Ces dernières ont été un obstacle et ont coûté des vies lors des inondations, alors que les arbres ont sauvé des gens qui ont pu s’y accrocher." Pour elle, l'urgence est d'adopter un "plan concret" adapté à la réalité du terrain et au changement climatique.
Si un projet de parc inondable avec végétalisation des espaces a été proposé par la Communauté autonome de Valence, l'adaptation du territoire "ne verra pas le jour avant dix ans", a expliqué à RFI Eduardo Rojas, professeur à l’université polytechnique de Valence.
Enfin, pour Gloria Sánchez, chercheuse à l’Institut d’agrochimie et des technologies alimentaires, l’inondation "a eu un impact très important sur les usines de traitement des eaux usées et sur le système d’égouts. Et tous ces rejets d’eaux usées non traitées ont fini, via les cours d’eau, dans l’Albufera" au sud de Valence. Si la contamination de l'eau diminue au fil des mois, les sédiments eux, demeurent contaminés.
L’inaction et l’absence du maire de la région toujours vivement critiquées
Le maire Carlos Mazón avait été à l’époque accusé d'être la "honte nationale" par les habitants et les familles des victimes. Lors de la cérémonie d’hommage de ce 29 octobre 2025, il est revenu sur ses regrets.
"Nous avons essayé de faire le maximum dans une situation inimaginable, mais dans de nombreux cas ce ne fut pas suffisant et aujourd'hui, nous devons de nouveau le reconnaître", a-t-il lancé lors du discours à la cérémonie d'hommage, reconnaissant "la détresse" des habitants.
Plus de 50.000 personnes ont manifesté samedi dans le centre-ville de Valence pour demander "justice" et réclamer la démission de Carlos Mazón. Les familles des victimes ont demandé qu'il n'assiste pas aux "funérailles d'État", qui rendront hommage aux victimes ce mercredi 29 octobre. Deux corps n’ont d’ailleurs toujours pas été retrouvés.