Le droit de mourir dans la dignité n'est pas encore établi en France (photo d'illustration) 1:29
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Matthieu Bock, édité par Ariel Guez , modifié à
À quelques heures de sa rencontre avec des conseillers de l'Elysée, Alain Cocq explique à Europe 1 pourquoi il demande à mourir dans la dignité. "Ma décision est prise", dit-il. Le 4 septembre, soit il s'administrera lui-même un puissant sédatif avec l'accord d'Emmanuel Macron, soit il se laissera mourir. 
INTERVIEW

Alain Cocq, 57 ans, l'a décidé : il mourra le 4 septembre. Ce Dijonnais, qui souffre depuis des années d’une maladie orpheline incurable, a récemment interpellé le président de la République dans une lettre, "pour pouvoir bénéficier, à titre compassionnel, du droit à une fin de vie dans la dignité avec une assistance active du corps médical". L'Élysée lui a répondu, et à défaut de pouvoir venir à Paris, Alain Cocq s'entretiendra ce mardi en visioconférence avec Anne-Marie Armenteras (conseillère d'Emmanuel Macron en charge des solidarités et de la santé) et le professeur Vincent Morel, en charge du plan national Développement des soins palliatifs et accompagnement de fin de vie entre 2015 et 2018.

"Ma décision est prise"

Son choix est déjà fait : si on lui refuse l'auto-administration d'un sédatif puissant, Alain Cocq arrêtera de se nourrir et de s’hydrater et se laissera mourir, comme l’y autorise la loi Léonetti. "Ma décision est prise. Si on m'oblige à me faire arrêter mon alimentation, je le ferais. On m'aura mis en situation d'indignité juste avant ma mort, car on m'aura empêché le droit d'avoir le choix", explique-t-il au micro d'Europe 1. Alain Cocq veut partir dignement. "J'ai demandé qu'un médecin puisse me délivrer un produit avec lequel, en le prenant moi-même, je m'endormirais". 

À nos confrères de France 3, Alain Cocq expliquait lundi qu'il souhaite que deux personnes soient présentes lorsqu'il prendra ce dernier sédatif : un officier de police et un médecin. Le premier pour vérifier qu’Alain Cocq n’est pas contraint. Le deuxième constatera le décès. 

"Un acte de soulagement ultime des souffrances"

Alain Cocq refuse le terme de "suicide assisté" car, plaide-t-il, "il ne s’agit pas de réduire la durée de vie d’un malade, mais de l’acte de soulagement ultime des souffrances physiques d’un patient". Les siennes ne le laissent même plus dormir. Depuis novembre 2018, elles l’empêchent aussi de se lever. "Je suis cloué dans mon lit, je ne peux plus m’asseoir dans mon fauteuil. Je suis alimenté par aliment liquide, on va me gaver", craint Alain Cocq. "Je ne veux pas vivre ça, je demande à partir".