Jean Leonetti sur l'euthanasie : "Dans une démocratie évoluée, on ne donne pas la mort"

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Grégoire Duhourcau , modifié à
Actuellement, "on laisse les gens mourir en souffrance", a estimé l'auteur de la loi sur la fin de vie sur Europe 1. Il réclame donc que la loi soit appliquée mais se montre défavorable à la légalisation de l'euthanasie.
INTERVIEW

Le CCNE (Comité consultatif national d'éthique) s'est prononcé mardi en défaveur de la légalisation de l'euthanasie, estimant que la loi sur la fin de vie (loi Claeys-Leonetti) qui interdit l'euthanasie et le suicide assisté, ne devait pas être modifiée. "On voit bien qu'il y avait un consensus" sur cette loi, a réagi l'auteur de la loi, Jean Leonetti, sur Europe 1, mardi.

"On laisse les gens mourir en souffrance". "Malheureusement, le constat, c'est aussi que l'on meurt encore mal en France", a toutefois souligné l'ancien député Les Républicains (LR). Selon lui, "les soins palliatifs ne sont pas assez développés". "On met des malades souffrants dans des situations d'indignité qui les font réclamer d’abréger leurs souffrances." A l'heure actuelle, "on laisse les gens mourir en souffrance" alors que, d'après la loi qui existe, le malade "a le droit de dormir pour ne pas souffrir" s'il le demande.

Jean Leonetti "espère" donc que cette position du CCNE "consiste à dire : 'Ne changeons pas les lois parce qu'elles ne sont pas appliquées mais appliquons les lois et faisons en sorte que cette fin de vie soit sereine et apaisée.' On a les moyens financiers, humains et pharmacologiques pour le faire."

"On n'a pas fait des lois pour les gens qui veulent mourir". Jean Leonetti estime par ailleurs que la question du suicide assisté et de l'euthanasie "est beaucoup plus complexe". "Faut-il ou non donner la mort à ceux qui la réclament ? C'est un autre sujet. Nous on a fait des lois pour les gens qui vont mourir. On n'a pas fait des lois pour les gens qui veulent mourir."

Jean Leonetti se prononce ensuite sur la question. Pour lui, "dans une démocratie évoluée, on ne donne pas la mort". "On soulage la souffrance, on accompagne. Le jour où on donnera la mort aux plus vulnérables d'entre nous, même à leur demande, il y aura une déchirure du pacte de fraternité qui existe dans notre pays", juge-t-il.