Inondations : parmi les causes, l'urbanisation doit faire l'objet d'une "réflexion profonde"

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Inondations à Verviers, près de Liège, le 15 juillet 2021. © ANTHONY DEHEZ / BELGA / AFP
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Pauline Rouquette , modifié à
Alors que des pluies diluviennes et des inondations ont frappé jeudi plusieurs pays européens, notamment l'Allemagne, l'hydrologue Emma Haziza, invitée d'Europe 1, a évoqué différentes causes pouvant mener à ces événements climatiques, toujours plus violents et récurrents. Parmi elles, une urbanisation non adaptée à l'évolution des zones inondables.
INTERVIEW

Que se passe-t-il dans l'Est ? Les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin sont placés en vigilance orange pour risques de crues, et des orages ont provoqué des inondations en Allemagne, faisant des dizaines de victimes. Invitée d'Europe 1, jeudi, l'hydrologue Emma Haziza, a passé en revue les différentes causes menant à de tels épisodes d'inondations. Parmi elles, l'urbanisation porte une large part de responsabilité dans les dégâts causés.

"Calibrer ces pluies diluviennes dès lors que l'on place du béton"

"C’est dû a une somme d’éléments", concède Emma Haziza, qui s'attarde cependant davantage sur le problème de l'urbanisation dans les zones urbanisées et "au fait que l'on ne sache pas calibrer ces pluies diluviennes dès lors que l'on place du béton".

Encore aujourd'hui, explique l'hydrologue, "il n'y a quasi aucun endroit en France dans lequel on construit une maison en intégrant le risque inondation". En effet, dit-elle, il s'agit d'un problème très récent. Car si l'on sait déjà quelles sont les zones inondables, le changement climatique fait que ces zones ne sont plus sur les mêmes hauteurs d’eau. "On a le double de précipitations qui arrive, avec ces gouttes froides et cet air extrêmement chaud autour", développe l'hydrologue. "Le mois de juin 2021 est le troisième mois le plus chaud du globe en 142 ans de données", poursuit-elle, évoquant une masse d'air chaud et davantage de précipitations, plus violentes et plus dangereuses.

Des "risques de ruissellement non cartographiés"

Alors qu'un million de Français vivent actuellement en zone inondable, Emma Haziza insiste : "Il faut que l'on réfléchisse en profondeur" à intégrer de nouveaux réflexes dans l'urbanisme. De réflexes qui ne sont "absolument pas pris en compte, ni par l'urbaniste, ni par les architectes", hormis dans les zones concernées par les plans de prévention des risques d'inondation, où l'urbanisme est assez bien contrôlé, précise-t-elle. Dans tous les cas, "les risques de ruissellement ne sont pas prises en compte, ne sont pas cartographiée", déplore l'hydrologue. Quant aux bouches d'égout, "elles ne sont absolument pas adaptées à des niveaux de pluie de cette ampleur", poursuit-elle. "Donc, il y a vraiment une réflexion profonde à mener extrêmement rapidement."