Trois hommes ont perdu la vie à Marseille le week-end dernier, tués par balles. 1:27
  • Copié
Gwladys Laffitte, édité par Jonathan Grelier
Éric Arella, le très discret directeur de la police judiciaire pour la zone sud, explique ce mercredi en exclusivité à la radio sur Europe 1 comment ses équipes font face à une flambée récente des violences à Marseille. Le week-end dernier, trois hommes ont été tués par balles dans cette ville et le début de l'été a été particulièrement meurtrier.

À Marseille, le dernier week-end a été particulièrement meurtrier. Trois hommes y ont perdu la vie, tués par balles en pleine rue dans les quartiers nord, des quartiers dits "sensibles". Les trois affaires n’ont pas de lien entre elles mais ces trois homicides sur un laps de temps très court illustrent la flambée de violences à laquelle fait face la police à Marseille et dans ses environs cet été. Depuis un mois, 10 personnes ont été tuées sur un total de 17 depuis le début de l’année. La majorité de ces homicides correspondent à des règlements de compte dans le milieu du narco-banditisme.

"Une conjonction de plusieurs éléments"

Car à Marseille, les réseaux de trafic de stupéfiants sont légion. Et ils évoluent fréquemment. "C'est un milieu qui bouge", confirme Éric Arella, le très discret directeur de la police judiciaire pour la zone sud qui s'exprime en exclusivité à la radio sur Europe 1. Pour lui, ce chiffre important et récent du nombre d'homicides "est assurément une conjonction de plusieurs éléments." Il cite parmi les explications "des sorties de prison", "des trahisons" au sein des trafics et "une volonté de reprise de certains points qui ont été démantelés, déstabilisés par notre action". "Et ici, la nature a horreur du vide", confie-t-il.

Dans le cas des règlements de compte, le mode opératoire a en partie évolué au fils des ans. "Depuis plusieurs années, on a une pluralité d'auteurs qui sont souvent en voiture et parfois équipés de fusils d'assaut", explique Éric Arella. "C'est une arme qui n'est pas toujours très maîtrisée. Du coup, on a parfois, heureusement pas trop souvent, des dégâts collatéraux. C'est le cas de la jeune fille de 17 ans qui a été tuée il n'y a pas très longtemps sur la commune de Septèmes-les-Vallons", près de Marseille, illustre-t-il. Par ailleurs, le trafic de stupéfiants n'est pas le seul contexte dans lequel se produisent les homicides. C'est aussi le cas pour le trafic de cigarettes, qui est pourtant déconnecté de celui de la drogue.

26 règlements de compte déjoués depuis 2016

Malgré cette flambée brutale des violences pendant cet été, la tendance serait plutôt à la baisse à Marseille, avec un règlement de compte par mois depuis 2017 contre deux par mois les années précédentes. Un résultat obtenu notamment grâce au travail de la police judiciaire marseillaise, selon Éric Arella. "On s'est organisé de manière prioritaire pour faire en sorte de porter des coups. Jusqu'à un point qu'on n'imaginait pas. On a essayé de devancer des actions de règlements de compte", souligne-t-il. Depuis 2016, ses équipes auraient ainsi déjoué 26 règlements de compte. Le taux d’élucidation de ces affaires est élevé à Marseille. Il s'élève à près de 50% depuis 2013, contre 35% au niveau national.