Incendie de Lubrizol : le Sénat épingle l'Etat et la direction

L'incendie de l'usine Lubrizol, survenu le 26 septembre sur le site Seveso seuil haut, avait provoqué un immense nuage de fumée noire de 22 km de long avec des retombées de suie jusque dans les Hauts-de-France.
L'incendie de l'usine Lubrizol, survenu le 26 septembre sur le site Seveso seuil haut, avait provoqué un immense nuage de fumée noire de 22 km de long avec des retombées de suie jusque dans les Hauts-de-France. © AFP
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Jean-Gabriel Bourgeois, édité par et AFP , modifié à
La commission d'enquête du Sénat sur le spectaculaire incendie de Lubrizol à Rouen dénonce "des angles morts inacceptables" dans la politique de prévention des risques industriels en France, dans un rapport publié jeudi. Les sénateurs épinglent au passage en particulier l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, qualifiant le suivi sanitaire de l'accident industriel survenu le 26 septembre de "tardif et incomplet".

Suivi sanitaire "problématique", moyens insuffisants, la commission d'enquête du Sénat sur le spectaculaire incendie de Lubrizol dénonce "des angles morts inacceptables" dans la prévention des risques industriels en France. La chambre haute épingle au passage le gouvernement et en particulier l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, dans un rapport publié jeudi. "A l'instar du suivi sanitaire proprement dit, l'identification du risque sanitaire telle que pratiquée par le ministère de la Santé, a été à la fois tardive et incomplète", écrivent les rapporteurs Christine Bonfanti-Dossat (LR) et Nicole Bonnefoy (PS) dans leurs conclusions sur cet "accident industriel majeur", sans victime "apparente".

Pour les sénateurs, pas question de parler d’un "feu de cheminée" comme le patron de Lubrizol qualifiait l’incendie. Il s’agit bien là d’une "catastrophe sanitaire et écologique majeure". Dans son rapport, la commission d’enquête pointe également la responsabilité de l’usine, inspectée un an et demi avant l’incendie, et dont les locaux n’avaient pas été mis aux normes. Les sénateurs reprochent aussi à l’industriel ne pas avoir pu fournir la quantité et la composition des stocks, partis en fumée le 26 septembre dernier.

Une quarantaine de recommandations 

Egalement dans le viseur des parlementaires : la communication de crise des pouvoirs publics. Ils dénoncent un "langage hasardeux". On se souvient de la multiplication des conférences de presse, une à deux par jour. Des prises de paroles parfois très techniques. "Comment demander aux gens qui sont sous le nuage de fumée de comprendre autre chose que 's’il n’y a pas de toxicité aiguë, bah c’est qu’il y a de la toxicité moyenne ou faible'", s'interroge au micro d'Europe 1 la sénatrice Christine Bonfanti-Dossat, co-rapporteure de la commission d’enquête.

Les sénateurs adressent une quarantaine de recommandations dans leur rapport et demandent la création d’une véritable culture du risque industriel. Ils proposent par exemple d’inscrire la formation aux risques industriels dans le code de l’éducation et d’organiser régulièrement des exercices grandeur nature, en associant l’ensemble de la population.